Je ne compte pas me lancer dans un récit dithyrambique concernant Dune, deuxième partie, mais, croyez-moi, ce n'est pas l'envie que me manque.
Quelques éléments pour vous convraincre de vous précipiter au cinéma :
1) Une photographie éblouissante : Tous les plans sont magnifiques, travaillés, réfléchis. Non seulement l'esthétique est au rendez-vous, mais le réalisateur met l'image au service du récit, l'opposition entre les clans rivaux est marquée graphiquement (noir et blanc pour les uns, bleu, jaune, ocre pour les autres). Les effets spéciaux sont brillament réalisés et les scènes de combat sont tout simplement époustouflantes, sans parler des costumes, qui, là aussi, décrivent parfaitement la confrontation entre deux mondes, les armures ultra technologiques de l'Imperium d'un côté, et les "distille" des Fremen de l'autre, combinaisons d'apparence simple conçues pour la survie en milieu hostile et la préservation de l'eau plutôt que pour le combat.
2) Un scenario convaincant : Garder en haleine le spectateur pendant trois heures n'est certainement pas chose aisée, pourtant, l'histoire de Paul Atréides, des Fremen et de leur lutte contre l'empereur et ses redoutables Sardaukar captive au delà de toute attente. Chaque rebondissement est innatendu, et la frontière entre le bien et le mal est remise en question.
3) Des messages puissants : Au premier abord, Dune est un film de SF parmi d'autres, illustrant la rébellion d'une maison noble déchue contre le puissant Imperium galactique, mais, au-delà, c'est aussi le fanatisme religieux, la folie meurtrière de l'homme, la place de la femme dans la société et l'oppression des peuples considérés comme inférieurs qui irrigue l'oeuvre de Frank Herbet, auquel Denis Villeneuve offre une adaptation encore jamais vue au cinéma (et pourtant, dans le passé, bien des réalisateurs se sont essayés, et ont failli, à la tâche).
4) Des acteurs de grand talent : De manière assez remarquable, Timothée Chalamet parvient à camper le premier rôle et revêt les habits d'un meneur de révolte, guide spirituel à la limite du divin, l'allégorie christique étant omniprésente et renforcée par le physique frêle en pépertuelle opposition avec la puissance grandissante du Duc d'Arrakis. A ces côtés, Zendaya, Rebecca Ferguson, mais surtout Javier Bardem complètent le casting avec des interprétations justes, et la touche comique apportée notamment par ce dernier apporte une réelle fraîcheur à cet opus, fraîcheur qui avait d'ailleurs pu manquer au premier volet. On ne manquera pas également d'évoquer la prestation, discrète mais remarquée, de Léa Seydoux, qui apporte une French Touch au casting très Holywoodien de Dune.
5) La bande-son et l'environnement sonore : Hans Zimmer signe assurément ici l'une de ses plus belles réalisations musicales avec des sonorités encore jamais entendues (et pour cause, le musicien a créé de toutes pièces un nouvel instrument, sorte de cor aux sonorités bien plus graves) qui accompagnent parfaitement l'histoire et immergent complètement le spectateur dans l'univers apocalyptique d'Arrakis. Chaque clan, chaque planète dispose d'une identité sonore qui vient renforcer l'opposition graphique déjà évoquée.
En définitive, je ne pourrai rien dire d'autre que "foncez", foncez voir ce film, qui est au nombre de ceux qu'il faut avoir vu, et je rajouterai qu'il faut l'avoir vu au cinéma, tant le caractère grandiose de cet opéra spatial sied à merveille aux salles obscures.
Dune, deuxième du nom, ne nous laisse donc pas sur notre faim, mais attendons désormais avec impatience la fin de l'épopée, à charge pour Denis Villeneuve de nous éblouir autant qu'il l'a déjà fait, ce qui ne sera assurément pas chose aisée tant la barre a été placée haut.