Trois ans après « Interstellar », Christopher Nolan revient cette fois-ci en s’attaquant au film de guerre, le cinéaste ayant jusque ici expérimenté le terrain du thriller avec « Memento » (2000), « Insomnia » (2002) et « Le Prestige » (2006), du film de super-héros avec la trilogie « The Dark Knight » (2005 – 2012) et de la science-fiction avec « Inception » (2010) et « Interstellar » (2014).
On pourrait se demander où Christopher Nolan veut nous emmener avec le film de guerre, et si « Dunkerque » est réellement un film de Nolan, avec ses thématiques habituelles. Et en effet, « Dunkerque » a tout d’un film de Christopher Nolan, à commencer par la thématique du temps.
Depuis « Interstellar », le cinéaste semble avoir complétement gagné la confiance des producteurs de la Warner qui lui laisse carte blanche depuis le succès de la trilogie « The Dark Knight » et « Inception », où le réalisateur a prouvé qu’il pouvait à la fois faire des blockbuster rentable pour l’industrie Hollywoodienne, ainsi que des œuvres d’auteur avec une véritable identité de cinéaste.
Là où un film avec une grande liberté comme « Inception » avait encore un cahier des charges tenues par la pression des producteurs, « Interstellar » marque un revirement dans la filmographie de Nolan, qui semble complétement décider à se diriger vers un trip sensoriel abordant des questions métaphysiques sur la place de l’homme dans l’univers, ainsi qu’une narration construite sur le principe de l’espace-temps, questionnant l’influence de ce dernier sur ses personnages, se rapprochant de l’approche de son prédécesseur Stanley Kubrick, avec « 2001, l’odyssée de l’espace » (1968). Mais avec « Dunkerque », Christopher Nolan se détache presque complétement des dialogues existentiels de son « Interstellar » pour cette fois –ci expérimenter l’image dans sa composition plastique, le son dans un but immersif, avec une narration éclatée, répartie sur trois temporalités différentes : une sur la jetée où l’on suit un soldat britannique sur une semaine, une autre sur un père et ses deux fils dont le bateau a été réquisitionné pour porter secours aux soldats anglais, que l’on suit sur une journée, et une troisième sur un pilote d’avion que l’on suit sur 1h.
Le temps, thématique principal du cinéaste, est de nouveau présent dans ce nouveau film et Nolan poursuit dans son expérimentation des temporalités entamée sur « Interstellar », où le cinéaste écarte les dialogues encombrants, le développement des personnages, pour livrer au spectateur une expérience cinématographique intense et impressionnante d’1H45, où le cinéaste expérimente le sensoriel, ne laissant aucun répit à ses personnages, en faisant preuve d’une grande maitrise de mise en scène. La partition de Hans Zimmer reste également dans la continuité des précédentes collaborations entre Nolan et le compositeur, une bande sonore immersive et viscérale qui rencontre l’expérimentation sonore.
Après « Interstellar », Christopher Nolan poursuit dans la continuité de son oeuvre, privilégiant le lyrisme visuel et une narration virtuose par rapport à ses précédentes œuvres, signant ici un de ses films les plus maitrisés et aboutis, « Dunkerque » étant l’aboutissement de toute la filmographie d’un cinéaste à son apogée.