Je suis perturbée par ce film. Outre ma frustration d'un générique coupé scandaleusement à la projection ciné, je n'arrive pas à statuer sur mon appréciation du film.
Techniquement, il n'y a pas grand chose à redire. La musique est superbe : discrète mais ponctuant l'atmosphère bien comme il faut. A cela rien d'étonnant lorsqu'on apprend qu'elle est de Hans Zimmer. Les images sont belles, épurées de chichis, froides et un peu sèches comme la situation. En sachant que le film n'a pas été tourné dans le format de projection, on remarque ces cadrages quelques peu illogiques : ces personnages trop hauts dans l'image, ces cadres coupés juste sous le soleil, ces étendues verticales qui ne le sont pas autant qu'on pourrait le souhaiter. Dommage mais pas si handicapant. Les acteurs sont bien entendu géniaux. Nolan a l'habitude des excellents castings et là encore Kenneth Brannagh, Tom Hardy et Cillian Murphy sont des valeurs sûres. Je ne connais pas encore les autres mais la plupart valent un détour sur leur filmographie.
Qu'est-ce qui me gêne ? L'histoire qui est un peu pauvre au sens narratif du terme. Il est vrai que, sans aller jusqu'à prendre la structure en trois actes qui est un peu bateau, on a l'habitude d'aller plus en profondeur dans les films : celui-ci est "trop simple". Ce que je veux dire c'est qu'autant les soldats sur la plage que les aviateurs que nos marins réquisitionnés ont une tâche simple : aux uns, rentrer en Angleterre, aux seconds, dézinguer les avions allemands qu'ils croiseront jusqu'à Dunkerque et aux derniers, ramener des soldats chez eux. En deux heures de film, ils effectuent tous cette tâche avec finalement relativement de simplicité. Cela paraît facile parce que, somme toute, on n'est pas impliqué dans le film (voilà c'est ça !), on n'est pas assez impliqué dans Dunkerque. Le seul personnage qu'on suit du début à la fin, qui est le seul survivant de son régiment et qui essuie au moins deux départs ratés pour enfin rentrer, même lui reste à distance sans identification possible.
L'autre problème qui me chagrine c'est la place de ce film dans la filmographie de Nolan et son travail sur la vérité et sa distorsion. J'avoue avoir eu du mal à trouver et certainement parce que c'est trop simple, encore une fois. Il parle encore de sa thématique récurrente mais de façon plus évidente : il y a la vérité de la situation, le fait que le film montre l'évacuation des troupes françaises et britanniques annoncée par Churchill publiquement et qui s'avère n'être une tentative que de sauver les soldats britanniques ! La vérité des faits face au mensonge de la promesse. Et également la vérité historique d'une Normandie célèbre pour le débarquement mais dont on a oublié qu'elle a aussi été le théâtre d'un massacre des troupes françaises qui ont tenu leurs positions autant qu'ils le pouvaient pour permettre à leurs voisins de sauver leurs fesses ! La vérité historique face à l'oubli des détails embarrassants. Malgré tout, Dunkerque reste étonnant parce que moins spectaculaires que les autres films de Nolan. J'aurais tendance à la rapprocher d'Insomnia mais qui était quand même plus dynamique.
En clair, Dunkerque est un très bon film mais presque trop simple et malheureusement avec cette distance qui ne permet pas l'identification importante pour impliquer le spectateur. C'est joli, c'est bien pensé, c'est une bonne idée et une vérité remise à sa place mais aussi loin de nous que l'époque des faits. Dommage...