Dunkerque n'est pas un chef d'oeuvre, du moins, pas pour moi. Cette phrase d'introduction, je l'avais déjà utilisé pour Interstellar, pour la simple raison que je me retrouve devant le même cas de figure. Les critiques sont dithyrambiques et les spectateurs abondent dans leurs sens. Pour ma part, je me suis profondément ennuyé et à aucun moment, je n'ai ressenti la moindre émotion face à cette immense opération d'évacuation.
J'étais dubitatif face à l'intérêt de nous raconter cette histoire, elle ne me semblait pas intéressante mais je me demandais comment Christopher Nolan allait s'y prendre pour la rendre passionnante. Il a fait le choix de la simplicité, en évitant la surenchère sanguinolente avec des corps déchiquetés par les obus ou tirs. En cela, son film est à l'opposé de Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg. Ses personnages n'ont pas vraiment de profondeur, ce qui évite d'être en empathie avec eux et de ce fait, ne me permet pas de m'intéresser à leurs tentatives pour échapper à cette plage de Dunkerque, qui est devenu pour eux une tombe à ciel ouvert. On ne va se poser qu'une seule question : vont-ils s'en sortir?
Face à la faiblesse des enjeux, du scénario et des personnages, je me suis retrouvé à voir le film sous un autre angle : et si finalement, c'était l'histoire d'un gars qui veut déféquer tranquillement dans la nature, mais on ne lui permet pas de se soulager en paix. Dès le début du film, Tommy (Fionn Whitehead) erre dans les rues de Dunkerque avec quelques camarades de régiment. Des tracts de propagande nazi tombe du ciel, il en récupère quelques uns, se cale dans une ruelle et baisse son pantalon, sauf qu'ils vont être la cible de tirs. Il se rembraille aussitôt et détale alors qu'autour de lui, ils tombent chacun à leur tour. Il réussit à s'échapper, essuie les tirs de soldats français, avant de décliner son identité et de se rallier à eux. Puis, il se retrouve sur la plage ou les troupes sont alignés en attendant d'être évacuées. Il s'éloigne du côté des dunes, baisse à nouveau son pantalon, sauf que Gibson (Aneurin Barnard) est entrain d'enterrer un soldat, décidément.... Par la suite, il n'aura plus vraiment l'occasion de soulager son estomac, à moins qu'il se soit discrètement délesté lors de ses moments d'égarement en mer.
Durant la séance, mon côté scatologique a pris le pas sur mon esprit éminemment subtil pour éviter de trouver le temps beaucoup trop long, alors que Christopher Nolan a fait un sacré effort en mettant en scène un film de moins de 2h, ce qui est un exploit pour lui. Pour son premier film historique, il s'est presque occupé de tout en étant derrière la caméra, au scénario et à la production. Il a bénéficié d'un budget confortable avec 150M$ pour son "petit" film intimiste dont les influences sont diverses, de Terrence Malick à Alfred Hitchock, en passant par Friedrich Wilhelm Murnau, David W. Griffith, Henri-Georges Clouzot et bien d'autres. Les références sont prestigieuses, mais je ne les ai pas aperçu sur l'écran, surement à cause de mon détachement dès les premières minutes d'un film qui ne me ramènera jamais sur les tristes plages de Dunkerque.
Le récit de l'évacuation des soldats anglais de Dunkerque, lors du mois de mai 1940, souffre de sa narration éclatée. L'action part dans tout les sens : terre, air et mer. Pourtant, cela n'est pas trépidant. Les combats aériens sont moins enthousiasmants que ceux de la série Les Têtes brûlées (1976). Les naufrages sont aussi répétitifs que les plans de James Cameron pour son effrayant Titanic et les tentatives de Tommy et Gibson pour échapper à ce merdier, sont aussi palpitantes que le retour de Prison Break. Le réalisme dont a voulu faire preuve Christopher Nolan, en nous permettant de se mettre à la place des différents personnages, est louable. Il est dans la sobriété, en évitant l'héroïsme à outrance ou les scènes chocs. D'un autre côté, il n'y a justement pas grand chose qui a marqué mon esprit (en dehors du besoin naturel de Tommy dont le prénom de l'acteur est Fionn, c'est cocasse, non?). Je n'ai pas vibré et à aucun moment le souffle (ou les vagues) de l'histoire, ne m'ont emporté et pourtant l'air conditionné caressé tendrement mon crâne pour me garder dans le feu de l'action.
De gros moyens, de gros effets et la grosse musique de Hans Zimmer pour bien nous conditionner durant l'opération Dynamo, tout ça pour finalement nous offrir un film ennuyant et manquant d'âme, quel gâchis. Cette version grandeur nature d'une partie de Touché-coulé est décevante. La seule véritable surprise, c'est que je ne pensais jamais voir un film dans une salle de cinéma s’appelant Dunkerque.