Bienvenue chez les Ch'tis

J'attendais beaucoup de Dunkerque. En grande partie pour le fait même que Nolan puisse faire un film qui s'appelle "Dunkerque". C'est aussi surréaliste que Tarantino faisant un film intitulé "Guingamp", ou Scorsese réalisant "Poitier". Bref, j'attendais beaucoup de ce film. Je ne m'attendais pas à voir ce que j'ai vu, mais ce que j'ai vu ne m'a pas déplu.

Je m'attendais vraiment à un film de guerre "traditionnel", type "soldat ryan" avec des explosions, de l’héroïsme, de la musique à base de trompette et de tambour et de types qui hurlent "INFIRMIEEEER !!!". Un truc Made in Hollywood, pas franchement original, mais qui en envoie plein les yeux dans une salle de cinéma.
Dunkerque en envoie plein les yeux dans une salle de cinéma. Mais c'est bien son seul point commun avec les films de guerre traditionnels. Le rythme de Dunkerque est plutôt lent. On suit une galerie de trois personnages, dans trois lieux différents et à trois unités de temps. L'idéal pour avoir une idée globale de ce que fut l’opération dynamo. On ne sait quasiment rien sur ces personnages. C'est d'ailleurs à mes yeux le seul point négatif de ce film. Ne connaissant pas les personnages, il est difficile de s'impliquer émotionnellement dès qu'il arrive des crasses à ce dernier. Dunkerque est un film de reconstitution. Pas d'émotion. Soyez prévenu.

Si Dunkerque pèche un peu sur le plan émotionnel, on ne peut pas en dire autant de l'aspect immersif. Nolan parvient à instaurer un climat de tension permanente plutôt désagréable, mais diablement bien foutu. Cela est en partie du à la musique de Hans Zimmer, à la fois discrète, mais très présente (la musique ne s’arrête quasiment pas). Il est difficile de décrire une musique par écrit. Disons que c'est un peu le style de truc que l'on entend dans sa tête quand on a une envie irrépressible de faire pipi. Du coup, même quand Nolan filme un vieux sur son petit bateau de plaisance, la musique apporte à cette image banale un climat d'urgence extrême. Comme si tout allait se jouer à la seconde près.

Notons aussi que vous ne verrez aucun allemand à l'écran. L'ennemi est totalement invisible et semble frapper de manière totalement aléatoire. Nolan a vraiment réussi à faire transparaître l'émotion que les soldat anglais on du subir pendant cette opération. Et en cela le film est une réussite.

Ah, et puis pour le reste c'est quand même bigrement bien foutu. Que ce soit les plans ultra large pleins de figurants, hyper impressionnant ou ceux plus serré, oppressant et quasi-claustrophobe. On peut penser ce que l'on veut de Nolan, mais force est de reconnaître qu'il sait se servir d'une caméra.