Et bonjour...
Je suis allé voir "Dunkerque," le dernier film de Christopher Nolan, il y a maintenant quelques jours. Clairement, ça a été une expérience sensorielle intense, d'autant plus forte que j'étais dans une des meilleures salles d'un très bon multiplexe. Mais l'émotion? Le message, la morale? De quoi me parlez vous là, ma bonne dame??
La démesure des moyens employés, la qualité invraisemblable de la reconstitution (et mieux, de la restitution) de cet épisode historique: irréprochables. Nous sommes dans le navire quand approche la torpille, on sursaute quand des balles ricochent sur la coque et l'on se noie avec ces jeunes hommes qui croyaient pouvoir souffler après avoir embarqué de justesse.
Mais c'est une expérience nerveuse, neurologique même, et pas une tension psychologique ; aucune interrogation n'a sa place dans ce déluge de ferraille broyée, d'agressions sonores et de plans surtendus. Et l'ampleur de vue nécessaire à un tel matraquage perd toute espèce de sens.
On pourrait en dire autant du déluge d'informations qui nous assaille, dont l'intensité nous amène plus près de la sidération que d'une quelconque prise de conscience. Et ce serait le fruit du hasard? Plutôt le reflet d'une époque...
Les centaines de milliers d'hommes coincés sur cette plage du Nord en 1940 ont vécu un calcaire parfaitement restitué par ce film ; mais ils avaient au moins la ressource de croire et d'espérer que le salut viendrait de la mer, tôt ou tard. Et pour nous qui sommes aujourd'hui assiégés par d'autres périls, quelles ressources? Quel horizon et quelles ressources?
Voilà de sacrément good quouestchonnes, moi je dis.