⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

Troisième long-métrage en 18 ans, "Earwig"concrétise brillamment ce qu’est le cinéma pour Lucile Hadzihalilovic : une vision du monde par le prisme du bizarre, de l’étrangeté, placé dans un espace-temps difficilement situable. Ce long-métrage installe dès le premier plan une esthétique bien définie, sombre, radicale mais magnifique, idéalement filmée par directeur de la photographie, Jonathan Ricquebourg et superbement accompagnée par la musique d’Augustin Viard, musicien spécialiste des ondes Martenot, et par des textures sonores réalisées au Cristal Baschet (L'Orgue de cristal ou Cristal Baschet est un instrument de musique mis au point en 1952 par les frères Bernard (ingénieur) et François (guitariste) Baschet. Il "s'écarte des instruments mélodiques classiques figés au XXe siècle depuis le XVIIe siècle"). par Nicolas Becker. Cette façon de "créer" un monde évoque le travail des frères Quay, de Guy Maddin ou"Les fleurs de Shanghaï" de Hou Hsiao-Tsien pour le côté "opiacé" que le film finit par provoquer. L’action se passe principalement dans une vaste demeure aux volets perpétuellement fermés, austère et sans meubles qui évoque l’univers carcéral mais dont la vastitude multiplie les possibilités de prises de vue. Des dialogues rares ne font que placer des hypothèses, dont aucune ne sera véritablement résolue à la fin. C’est un film qui demande au spectateur certaines capacités ; aimer la lenteur, laisser ses sens percevoir sans pour autant tout comprendre … Rien n’est explicité, et cela fait partie du charme de ce conte vénéneux avec enfant, forêt et château… Et ogre ? Quand l’extérieur surgit, cette sensation d’être au-delà d’une temporalité actuelle continue de plus belle. Le film est ponctué de scènes marquantes et malaisantes, la violence ne surgissant qu’à deux reprises. La cinéaste filme des jeux de lumière qui deviennent des images abstraites, le reflet de l’âme de l’homme ? personnage principal du film. Il a la clé du film, il est peut-être la clé. Le premier grand choc de 2023.

abel79
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes L'étrange liste et Les meilleurs films de 2023

Créée

le 19 janv. 2023

Critique lue 438 fois

3 j'aime

3 commentaires

abel79

Écrit par

Critique lue 438 fois

3
3

D'autres avis sur Earwig

Earwig
mymp
6

L'oreille cassée

Il y a toujours, dans le cinéma de Lucile Hadzihalilovic, des enfants, mais des enfants que l’on soumet à une autorité adulte dont on ne sait vraiment les intentions. Toujours aussi ces endroits...

Par

le 23 janv. 2023

8 j'aime

Earwig
abel79
10

Darkside

Troisième long-métrage en 18 ans, "Earwig"concrétise brillamment ce qu’est le cinéma pour Lucile Hadzihalilovic : une vision du monde par le prisme du bizarre, de l’étrangeté, placé dans un...

le 19 janv. 2023

3 j'aime

3

Earwig
Marion_Nauche
6

Bloqués dans un mauvais rêve

Earwig est un monde quasi sans paroles, fait de grincements de plancher et de bruits de vaisselle; un monde sombre où la lumière reste bloquée par les volets ou le brouillard; un monde fait de...

le 10 août 2022

3 j'aime

Du même critique

Drive My Car
abel79
10

La voiture rouge

La montée en puissance de Ryūsuke Hamaguchi ne cesse de s'amplifier ; « Passion » était encore joliment timide, «   Senses » avait à mon goût un côté trop...

le 31 août 2021

11 j'aime

24

TÁR
abel79
5

Du goudron et des plumes

"Tàr" est la collusion ratée entre la volonté de confronter un vieux monde (une certaine notion de la musique classique) avec l’actuel, biberonné au wokisme. Cela donne, par exemple : "Je ne joue pas...

le 16 nov. 2022

8 j'aime

24

EO
abel79
10

L'oeil d'Eo

Eo est un joyau, un geste cinématographique sidérant, tant sont concentrés, dans un montage serré, des plans forts en à peine une heure vingt. Jerzy Skolimovski dit à la fin du film qu’il l’a fait...

le 29 nov. 2022

6 j'aime

18