Bien qu'il ait réussi à dépeindre avec justesse une jeunesse désabusée et sans repères, Kalev donne l'impression de n'avoir pas su tirer parti de toutes les possibilités qu'offrait son scénario. En effet, le récit démarre sur les chapeaux de roue, montrant bien les difficultés respectives des deux frères à trouver une place dans cette société, dont les nouvelles désastreuses sont crachées à longueur de journée par les médias. Malheureusement, le film s'essouffle de plus en plus, jusqu'à aboutir à une dernière demi-heure dénuée de rythme, où on participe à la contemplation inerte et passive de l'âme d'Itso, qui se sent impuissant mais ne fait pas grand-chose pour améliorer son sort. La fin, cependant, donne l'impression que quelque chose change enfin et donne lieu à un certain nombre d'hypothèses ; j'ai d'ailleurs été assez troublée d'apprendre le décès, à la fin du tournage, de Christo Christov (un nom très imaginatif), jouant son propre rôle, et me suis posée d'autant plus de questions sur ce qui advient de son personnage (et donc, dans une certaine mesure, de lui) à la fin du film.