Easy Girl de Will Gluck (et surtout avec Emma Stone) est une comédie romantique qui repose sur un concept assez prometteur, proposer une adaptation moderne et rythmée de La Lettre écarlate. Le générique d’ouverture est d'ailleurs très réussi, on est tout de suite accroché par le concept du film. Mais voilà, la suite déçoit vraiment, principalement en raison d’une (très) mauvaise qualité d'écriture. Easy Girl exploite une très bonne idée, mais pour n'en faire pas grand chose.
Olive (Emma Stone) est une jeune lycéenne qui étudie La Lettre écarlate en cours d’anglais. Elle s’identifie tout de suite à l'héroïne du roman Hester Prynne, la femme condamnée par ses voisins puritains dans le roman de Nathaniel Hawthorne. Olive aide son ami gay Brandon (Dan Byrd) à cacher son homosexualité, en faisant semblant d’avoir des relations sexuelles avec lui lors d’une fête. Puis d’autres garçons parias proposent de payer Olive pour améliorer leur image, alors que la réputation d’Olive se dégrade.
Easy Girl, c'est un peu un gros gâchis. Le pitch du film est intéressant, mais est très mal exploité. On arrive très vite au bout du concept ... ça manque de d'épaisseur, quoi ! Emma Stone est fantastique, comme d’habitude, mais les personnages qui l'entourent, sont pour la plupart plats et inintéressants ... à la seule exception de ses deux parents déjantés (Patricia Clarkson et Stanley Tucci). De plus, pour un film qui défend le message "ne me jugez pas", il juge les catholiques avec pas mal de mépris.
Easy Girl est un hommage évident (et il le revendique fièrement) aux plus célèbres teen movies de John Hughes. Il est jute mis au goût du jour par Will Gluck, pour coller avec la nouvelle génération d’adolescents obnubilés par FaceBook, les textos et la webcam. Bien qu'il n'aille pas aussi loin dans la psychologie des personnages que dans les films de John Hughes, il essaie d'aborder pas mal de sujets sensibles : la vie familiale, la parentalité, le fanatisme religieux, les rumeurs et le système éducatif.
L’idée qu’une lycéenne prétende être une salope ("slut" dans le texte) n’est pas une mauvaise idée. Mais voilà, tous les personnages de ce film sont au mieux cartoonesques, voire même pire des stéréotypes ambulants (et consternants). Ils n’agissent pas et ne parlent pas comme des adolescents normaux, ou tout du moins pas sur cette planète Terre. Prenez par exemple Amanda Bynes, qui joue la fanatique religieuse de service, il n'y a pas plus cliché que ça. Son interprétation manque totalement de subtilité et TOUS ses amis chrétiens, ainsi que sa famille, sont dépeints comme des crétins fanatiques (et hypocrites).
Quant à Olive, elle est trop cool, trop sûre d’elle et trop intelligente pour être crédible. Emma Stone ne joue pas l’outsider cynique que le rôle exigeait, elle est beaucoup trop sage et préfère jouer la jeune fille modèle. Les films avec un héros qui apprend de ses erreurs et en ressort plus fort à la fin, fonctionnent pour une bonne raison, mais le personnage reste ici le même tout au long du film. Il n’y a rien d’authentique dans cette façon de dépeindre la vie des adolescents. Et je pourrais rajouter, que les dialogues du film sont plutôt grossiers et stupides.
La fin du film résout tout en seulement quelques scènes, mais c’est monté n'importe comment et ça parait tellement forcé. Olive n’a pas vraiment souffert d’un grand désespoir amoureux et de ce fait, lorsqu'elle trouve miraculeusement l’amour en moins de cinq minutes, on ne ressent aucune empathie pour elle.
Ah oui, j'oubliais ... le numéro de danses et de chants "Knock on Wood", pourrait bien être l’une des scènes finales les plus stupides que j’ai vus depuis des lustres.