Eat
5.6
Eat

Film de Jimmy Weber (2014)

Ce film est assez marquant. C'est dommage qu'il y ait tant de maladresses car il y avait tout pour en faire un petit bijou obscur.


Le scénario est intéressant surtout pour son concept : une nana qui se mange quand elle est nerveuse. C'est amené en douceur et puis ça monte crescendo jusqu'au festin final tant attendu. Le contexte, à savoir le monde des jeunes actrices qui enchaînent les auditions dans l'espoir de décrocher un rôle, fonctionne à merveille avec ce concept (l'image, l'anorexie, se faire bouffer par le système, blabla ...). Malheureusement, l'auteur ne va pas assez au fond des choses et a même tendance à s'en éloigner (les instants 'drague', l'histoire d'amour surprise de la fin, les règlements de compte, ...). Tout cela nuit au sujet qui s'en retrouve trop peu exploité. Les personnages auraient également mérité d'être un peu plus creusés. Les dialogues sont moyens : par moment ça fonctionne assez bien, et puis à d'autre c'est vraiment pas terrible.


La mise en scène est inconstante : ça démarre avec un générique léché, efficace, très pop, et puis immédiatement, on a droit à une scène de dialogue très mal découpée dans une salle d'attente, puis un peu plus tard une autre encore pire lors d'une rave party. Puis ça remonte. Puis ça redescend. Ce qui m'a surpris, par contre, c'est la qualité du jeu d'acteurs ; c'est en effet le genre de production où l'on prend habituellement les premières bimbos venues pour agiter les nichons, sauf que le réalisateur s'est montré pointilleux : ses bimbos savent jouer ! Surtout l'actrice principale qui n'en fait jamais trop. Dommage que la caméra ne soit pas toujours à la hauteur pour capter cela, ni la mise en scène plus globalement (certains décors paraissent vides). Les effets spéciaux sont très réussis : pas de CGI, le réalisateur privilégie le vrai faux sang ainsi que du vrai maquillage ou de vraies prothèses à mordiller. C'est vraiment dégueux à voir. Et comme par hasard, ces moments sont les mieux filmés (à part peut-être le plat final). Pour aider à dégoûter le spectateur, il y a une bande son assez bien travaillée ; tout au long du film, quelques petits effets d'ambiance, faisant écho à l'instabilité mentale du personnage viennent rythmer les images. Les effets musicaux sont également efficaces lors des scènes les plus gores. Et plus généralement, la BO est correcte voire bonne. Seule certaines séquences lors de Rave Party ne sont pas crédibles (niveau sonore trop bas en plus d'une image trop vide).


Bref, "Eat" comporte de bonnes idées et de bons éléments, mais souffre d'un scénario trop éparpillé et d'une mise en scène encore trop amateur par moment. N'empêche que Jimmy Weber m'a l'air d'être un jeune réalisateur à suivre.


PS : par contre, je sais que c'est un peu cracher dans la soupe que de dire ça, mais la team responsable des sous-titres a fait du bien mauvais boulot en traduisant à la d'jeun allant parfois jusqu'à réécrire les dialogues non pas pour donner un autre sens mais simplement pour changer la manière de parler... tout ce qu'il ne faut pas faire en tant que traducteur. Mais bon, en même temps, je n'avis qu'à me procurer une copie légale de ce film.

Fatpooper
5
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le 10 janv. 2016

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