Si vous aussi vous êtes du genre partageur, vous adorez provoquer la découverte d’œuvre inconnue dans votre entourage et c’est tout à votre honneur. Mais il y a des films obscurs devant lesquels vous prenez un panard monstre que, pour rien au monde, vous ne conseilleriez à vos proches, certains que l’expérience serait trop extrême, que leur humour noir ne serait jamais pris comme tel, et que votre image à leurs yeux en prendrait un sacré coup. Ebola syndrome est de ceux là, une bobine crasseuse assumée dans sa décadence à 1000% qui brille autant par sa liberté d’expression la plus totale que par son humour noir débridé.
Il n’y a que dans le cat III qu’il est possible de voir un film dépeindre un personnage aussi détestable, présenté comme vecteur des pires atrocités qu’un cerveau apte à se projeter au delà des barrières érigées par la morale peut imaginer : le pire du pire, dans toute sa splendeur. A l’opposé du héro au sourire bright Hollywoodien, Anthony Wong s’amuse à jouer la pire crapule que vous ayez pu voir à l’écran, un pervers bien gratiné qui n’a pour limites que celles de sa propre imagination ; et cette dernière est d’une fertilité stupéfiante.
Alors placé aux commandes d’un cerveau plus que malade dont il lui est possible de s’échapper qu’au bout du bout, lorsque tout Honk Kong s’est fait cracher du sang contaminé au visage, le spectateur a le choix de profiter du désordre ambiant ou d’en souffrir. Car cette apologie du 20eme degré ravira autant les allumés du caisson qui apprécient les cinéastes en roue libre qu’il provoquera des hauts le cœur chez les adeptes d’un cartésianisme religieux.
Et que vous vous trouviez d’un côté ou de l’autre de la barrière, soyez prévenus qu’une fois le virus mis en mouvement par votre diffuseur d’images favoris, le voyage ne peut être interrompu. Malgré les longueurs qui s’invitent au festin lorsque Herman Yau tente de lier ses fourberies, et en dépit d’une mise en scène qui manque cruellement de mordant, vous ne pourrez décoller les yeux de cet objet filmique unique, fier représentant des derniers soubresauts de la catégorie III, véritable ambassadeur d’un cinéma décidément à part pour lequel tout est permis, le meilleur, mais surtout le pire.