Au cas où quelqu'un songerait à envoyer à une population extraterrestre des images symboliques de notre vie sociale actuelle de terriens, Echo de Runar Runarsson ferait parfaitement l'affaire. Le film du talentueux cinéaste islandais, déjà auteur de Volcano et de Sparrows, est un objet conceptuel qui déconcerte de prime abord avant d'envoûter progressivement (pas tous ses spectateurs, c'est évident). Runarsson a tourné pas moins de 56 séquences, en plan fixe, d'une durée variable, de 30 secondes à deux minutes, grosso modo. Pas d'évolution narrative proposée car ce sont des vignettes indépendantes les unes des autres mais il y a unité de temps (les fêtes de fin d'année) et d'une certaine façon de lieu (l'Islande). Le film est présent partout : en famille, dans un hospice, dans la rue, en mer, à un arrêt de bus, dans un bar ... Cette succession de saynètes raconte des situations qui sont comme des bribes d'histoires dont nous ne connaissons qu'un moment fugitif. Prises une par une, elles ne disent presque rien mais réunies elles parlent du monde tel qu'il est, avec un prisme islandais (le discours des politiciens, le défiance vis-à-vis des banques, les paysages splendides et désolés sont des ingrédients locaux) mais le message est universel, sachant que chacun peut poser un regard différent sur cette vision amère et parfois humoristique des relations humaines et sociales. Parfois, l'on pense au cinéma de Roy Andersson, voire à celui d'Elia Suleiman, mais Runarsson a sa propre manière, singulière et ouverte, de nous laisser la liberté d'interprétation.