Je creuse la veine des mélos flamboyants de Douglas Sirk, vu qu'il y a un cycle à la télé. Et celui-ci, qui est l'un des plus sombres, porte bien la patte du cinéaste allemand exilé à Hollywood. Il ne ménageait guère la société américaine, que pourtant il adorait. Cette fois, il ratisse du côté des riches héritiers de fortunes pour lesquelles ils n'ont pas eu à lever le petit doigt, soutenant visiblement la thèse que l'inaction nourrit un sentiment délétère d'illégitimité. Ses héros privilégiés vivent leur situation comme un handicap et lorgnent éhontément du côté de la classe laborieuse, curieusement élevée au rang de paradigme d'une forme d'innocence étrangère au vice. Un drôle de discours, en somme, porté par des acteurs de renom relégués à des rôles presque secondaires, et donc éclipsés par les personnages ultra-névrosés par qui la damnation arrive. Mention spéciale pour la sœur de l'alcoolique patenté, jouée par Dorothy Malone, qui roule des yeux en donnant de bizarres petits coups de menton, donnant l'impression d'essayer de percer du nez le ballon en plastique rempli d'eau dans lequel elle se noie, les mains attachées dans le dos. Ça lui a quand même valu un Oscar. La construction circulaire et la présence des trois autres acteurs rehaussent notablement l'ensemble, malgré tout et l'histoire n'est pas sans rappeler certaines tragédies grecques où la fatalité frappe des personnages prisonniers de leur naissance.

Créée

le 3 avr. 2019

Critique lue 338 fois

4 j'aime

Critique lue 338 fois

4

D'autres avis sur Écrit sur du vent

Écrit sur du vent
takeshi29
9

Petit Français, écris du vent sur ce cahier de doléances

Ok ça ne se voit peut-être pas trop en ce moment, mais c'est quand même sacrément bonnard d'être Français. Tu peux t'habiller comme une merde sans que Karl Lagerfeld ne te fasse un procès et te...

le 8 janv. 2019

28 j'aime

6

Écrit sur du vent
Artobal
8

Oh, vent, emporte le temps !

Sirk : dès la 1ère image on sait à quoi on a affaire. Une voiture jaune file dans un horizon figé, sous la présence écrasante des pylônes qui coiffent les puits de pétrole. Dès le 4ème plan les...

le 22 janv. 2014

20 j'aime

3

Écrit sur du vent
Melly
5

Tout ça c'est que du vent!

Il faut toujours se méfier quand dans un film, deux personnages décident de se marier alors qu’ils ne se connaissent que depuis 24h. Des fois on y croit dur comme fer, comme dans La valse dans...

le 29 juin 2013

14 j'aime

8

Du même critique

Watchmen
ChristineDeschamps
5

Critique de Watchmen par Christine Deschamps

Il va vraiment falloir que je relise le somptueux roman graphique anglais pour aller exhumer à la pince à épiler les références étalées dans ce gloubiboulga pas toujours très digeste, qui recèle...

le 18 déc. 2019

23 j'aime

3

Chernobyl
ChristineDeschamps
9

Critique de Chernobyl par Christine Deschamps

Je ne peux guère prétendre y entendre quoi que ce soit à la fission nucléaire et, comme pas mal de gens, je présume, je suis bien contente d'avoir de l'électricité en quantité tout en étant...

le 9 sept. 2019

13 j'aime

5

Tuer l'indien dans le cœur de l'enfant
ChristineDeschamps
8

Critique de Tuer l'indien dans le cœur de l'enfant par Christine Deschamps

Civilisation : "État de développement économique, social, politique, culturel auquel sont parvenues certaines sociétés et qui est considéré comme un idéal à atteindre par les autres." Cela ne...

le 16 avr. 2021

11 j'aime

4