Deux points intéressants à relever au sujet de notre film du jour.
Premier point : n’importe qui se prétendant un minimum cinéphile se doit de le regarder pour comprendre les bases du cinéma et de ce qu’il représente.
Deuxième point : c’est un film de Tim Burton, un réalisateur avec lequel j’ai de plus en plus de mal à accrocher mais qui faisait d’excellents films dans le début de sa carrière.
Voici donc : ‘’Ed Wood’’ !
SCENARIO:
Bien que le cinéma soit une industrie relativement jeune, il a réussi à s’imposer dans le paysage culturel de manière concrète. De grands noms, tel qu’Orson Wells (pour ne citer que lui), s’y sont déjà fait une place de choix. Mais il y a également quelques cinéastes de seconde zone qui ne possèdent rien d’autre que leur passion démesurée pour se faire reconnaitre. Edward Wood est un de ses hommes : un homme qui sera connu à travers l’Histoire comme étant le pire réalisateur de tous les temps !
Le concept-même du film est brillant : faire une biographie non pas sur quelqu’un de talentueux mais sur quelqu’un qui incarne la loose la plus absolue.
C’est une recette très différente de ce dont avait l’habitude Tim Burton jusque là. Lui qui était habitué au genre du fantastique gothique, le voilà responsable d’une adaptation de l’incroyable histoire d’Ed Wood. Et bien que cette nouvelle formule soit inattendue, elle fonctionne très bien.
C’est une des raisons pour laquelle j’aime beaucoup les films inspirés d’histoires vraies : la réalité regorge de suffisament de faits époustouflants pour alimenter le cinéma ! Il est très clair que la vie d’Ed Wood (si elle ressemblait un tant soit peu à celle décrite dans le film) a été mouvementée et accompagnée d’un subtile mélange de poisse et de chance.
Mais ‘’Ed Wood’’ ne se contente pas de nous parler de l’artiste mais également de l’homme : nous connaissons ainsi ses rêves, ses ambitions, ses idéaux. Tout cela rend le récit bien plus intéressant pour les spectateurs.
VISUEL:
Tout le film est en noir et blanc. Je ne connais pas la raison exacte de ce choix mais j’ai deux hypothèses : soit c’était pour rendre hommage à l’esthétique globale des films d’époque ; soit c’était pour raccorder le plus possible ce film au reste de la filmographie de Tim Burton. Ou alors il s’agit peut-être des deux à la fois…
Quoiqu’il en soit, cet aspect donne un certain cachet à l’œuvre et la rend d’autant plus fascinant à regarder.
Les mouvements de caméra et les cadres utilisés n’ont pas grand-chose de sensationnel afin de coller au réalisme que veut dégager le film. Pour autant, on peut noter ça et là des idées de mise en scène intéressantes. Je pense notamment aux jeux sur les ombres projetées ou bien les effets de luminosités volontairement ringardes.
Les costumes et accessoires visibles sont tous d’époque et replacent bien le contexte.
ACTEURS:
Il y a du beau monde dans ce film et je suis très content de voir qu’ils sont tous très performants. En effets la meilleure qualité de ‘’Ed Wood’’ repose (à mon sens) sur les personnages montrés !
Le rôle principal revient à l’acteur fétiche de Tim Burton : Johnny Depp ! Le personnage d’Ed Wood est fascinant car on peut sentir qu’il est passionné par ce qu’il fait et qu’il n’abandonne jamais ses rêves, la seule chose qui lui manque finalement est le talent ou un point de vue objectif sur son travail. Johnny Depp semble être né pour jouer ce rôle : il l’incarne à la perfection ! Non seulement il lui ressemble un peu sur le plan physique mais en plus il lui donne ce côté ‘’joyeux naïf’’ qui s’extasie devant tout et n’importe quoi.
Ed Wood, de son vivant, était ami avec le célèbre Bella Lugosi (mais si vous savez : le tout premier interprète du comte Dracula), le personnage est ici interprété par le non moins talentueux Vincent Pryce. Dans le film, le personnage est un vieil homme usé par le temps, la fatigue et la drogue. Il est aigri et méprisant mais il retrouve espoir dés qu’il fait la rencontre d’Ed Wood qui est le seul à le considérer encore comme un grand acteur. Vincent Pryce a fait des efforts incroyables pour rendre le personnage à la fois démesurément noble et incroyablement lassé par la vie.
La relation qu’entretiennent ces deux personnages est très forte et prenante, je pense même que c’est cette relation qui fascinait Tim Burton plus que la vie du réalisateur. Les scènes mêlant les deux amis sont parmi les plus touchantes du film.
Je pourrais m’attarder longtemps sur les autres personnages du film mais je me contenterais de vous dire qu’ils tous bien joués et que même s’ils sont mineurs dans le déroulement de l’intrigue ils marquent tous l’histoire à leur manière.
Mention spéciale pour Bill Murray qui est magnifique dans son rôle du gay précieux qui cherche à devenir une femme. Il est très drôle et en plus il a une VF que j’aime particulièrement (celle de Niels dans la série ‘’Une Nounou d’Enfer’’ pour ceux qui connaissent).
DEFAUTS ? :
Même s’il est tout à fait possible que le vrai Ed Wood ait porté des vêtements féminins durant sa vie, je ne pense pas que cela était particulièrement utile de l’intégrer au scénario…
Un problème similaire se pose avec la première femme d’Ed Wood qui se tire au milieu du film et finit par être remplacer par une autre. La transition est bien amenée mais ça restse dommage pour ce personnage qu’on avait suivi depuis le départ.
PS : Pour moi il y a dans ce film une scène qui me fascine plus que toutes les autres :
Complètement par hasard, Ed Wood va tomber sur Orson Wells (son modèle) et va lui parler d’égal à égal. Dans cette scène on se rend compte que les deux personnages partagent une chose en commun : la passion pour leur art ! Et je trouve très amusant de voir que celui qui est considéré comme le meilleur réalisateur de tous les temps et celui qui est reconnu comme le pire réalisateur de tous les temps soit en fait muent par la même volonté !