Refoulés
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Quelle étrange sensation que cet « Eden » : parler de la scène électro française, symbole d’audace et de savoir-faire dans son domaine, à travers un film typiquement français, domaine dans lequel l’Hexagone prouve d’année en année toutes ses limites.
Première erreur impardonnable : la forme.
Ce film est censé mettre en avant la musique or jamais la réalisation ne parvient à l’intégrer dans la narration.
Dans « Eden », quand vous entendez de la musique, c’est parce que les personnages écoutent de la musique.
Oui, le principe de la musique extradiégétique, dans « Eden », visiblement, on connait pas trop.
D'ailleurs, et c''est tout le paradoxe : voilà un film sur la musique qui n'a pas de rythme (ah ça si c'était fait exprès, c'est sûr que c'est original) et surtout un film qui se passe la moitié du temps dans des fêtes dans lesquelles on n'a absolument pas envie de se retrouver (vous allez me dire : les personnages n'ont pas l'air non plus de s'éclater. Le souci de cohérence certainement...)
L’autre erreur impardonnable, c’est l’écriture.
Et quand je parle d’écriture je parle bien de l’écriture du scénario, parce que là, pour le coup, la narration par la mise en scène c’est aussi zéro (« Sacrés français ! » dirait Dimitri…)
Plus didactique que ça, tu meurs. Exemple type de dialogue :
« Hey salut ! Sympa ta musique Garage ! On aime beaucoup le fait de ses compositions très diverses flirtent avec le funk, la soul et le disco, On adore d’ailleurs le fait que ce style oscille depuis ses débuts entre un dépoussiérage de succès des années 1970 et un style éclectique mais véritablement neuf et original.
– Hey ! Mais vous avez l’air de vous y connaître ! Ça vous dirait qu’au travers de ma réponse je poursuive cette définition très wikipediesque de la musique Garage ?
– Oh mais je t’en prie ! Après tout nous sommes en 1992, période où la scène électro n’est qu’à ses balbutiements, du coup nous sommes ivres de connaissances et de savoir ! »
…OK, j’exagère un peu mais dans l’idée c’est clairement ça.
Le didactisme est partout et accouche souvent de véritables abominations. (Le discours sur l’ecstasy de la mère : oh – mon – dieu !).
Très rapidement j’en suis venu à me dire si, en fin de compte, je n’aurais pas préféré que Mia Hansen-Love me parle directement pendant une heure et demie en me montrant sa collection de vinyles.
Franchement, ça aurait donné la même chose en terme de contenu et de sensation, et au moins je n’aurais pas eu à me bouffer tous ses schémas narratifs éculés et ses personnages totalement creux à qui on essaye désespérément de donner vie.
C’est atroce à dire mais c’est malheureusement ce que je pense en regardant cet Eden : il y a des gens qui ne savent pas parler par le langage du cinéma et qui n’ont pas l’imagination pour compenser ça.
En soi ce n’est pas un problème, mais quand on se décide à faire un film, je suis désolé, ça en devient clairement un…
Créée
le 28 sept. 2017
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