Venu d'un pays non-identifié, le jeune Elias, immigré clandestin trahi, comme ses compagnons, par leur passeur, accoste en Italie. En attendant de rejoindre la France, terre d'accueil supposée.
La première séquence, à bord d'un boat-people surchargé d'émigrés, donne au sujet de Costa-Gavras une apparence réaliste. C'est une fausse piste quant au ton dont usera le cinéaste: l'aventure d'Elias, esseulé et bredouillant quelques mots d'anglais ou de français, sera une succession de péripéties tragi-comqiues, de rencontres multiples et fugitives dont le caractère insolite ou la cocasserie témoignent et sous-tendent néanmoins constamment la précarité du clandestin.
Elias est un candide qui se confronte au riche Occident et à ses turpitudes: une touriste en fait son étalon, un employeur l'exploite, le passant le méprise ou se détourne. Ebahi, Elias est détroussé, refoulé, poursuivi. Sans préjudice d'une présence policière permanente (l'Etat sarkozyste, à considérer les clins d'oeil malicieux du réalisateur). La liste des embûches et des désillusions est quasi exhaustive; c'est pourquoi Costa-Gavras tourne le dos au mélodrame pour un témoignage tout aussi édifiant aux portes de la comédie.