Tous les ingrédients habituels d'un Lupin III sont là. La bande de protagonistes habituels se heurte ici à un méchant à la James Bond, qui se donne beaucoup de mal pour donner l'impression d'être un dieu omnipotent. Il y a de la surenchère dans les moyens utilisés, avec un final quelque part entre 2001 et Moonraker.
L'histoire est bourrée d'incohérences scénaristiques qui rappellent la première série (veste verte). Beaucoup de choses ne sont pas expliquées, et les motivations de Mamo, de Fujiko ou de Jigen manquent cruellement de continuité. Mais il y a dans cette incohérence quelque chose de profondément enfantin et ludique. Car l'important, c'est au fonds l'action : faire une scène de poursuite, une scène de suspense, une scène d'enquête, de retournement improbable, etc...
On est dans une veine pré-Cagliostro que j'aime bien, avec des morts innocents, un peu de sadisme, d'érotisme soft (mention à la plongée dans l'inconscient de Lupin, où l'on voit un collage de photographies de nus féminins).
Il reste qu'il y a de nombreuses scènes mémorables, et il se dégage une vraie poésie de ces décors peints... J'aime la scène de poursuite avec le camion, tous les moments de slapstick. Il y a aussi le passage dans le chateau carribéen de Mamo, avec ces décors inspirés de Chirico ou de peintres célèbres comme Dali ou Botticelli. Les graphistes se sont fait plaisir par moments, et c'est très bien. A d'autres moments, évidemment, on triche et c'est moche, avec des images fixes et des bruitages. Mais j'ai envie de dire que ça fait partie du délire.
La musique de Yoji Ohno est déjà là, donc tout va bien. Et les scènes avec Zenigata sont parmi les plus réussies que j'ai vues (la poursuite de la pyramide au début, celle avec le hors-bord aux deux tiers du film).
Le mystère de Mamo est un classique des Lupin III, à voir en acceptant son côté brut de décoffrage et délibérément foutraque. Car c'est un film éminemment généreux et créatif.