Edge of Tomorrow par Kroakkroqgar
On a déjà vu le principe qui guide ‘Edge of Tomorrow’ dans ‘Source Code’, mais quoi d’étonnant pour des films reposant essentiellement sur la répétition ? Mieux encore, ‘Edge of Tomorrow’ ne souffre pas de la comparaison avec l’œuvre de Duncan Jones, puisque le récit joue aussi habilement de son concept.
Qu’il s’agisse d’Edge of Tomorrow’ ou de ‘Source Code’, la filiation avec les jeux vidéo de FPS est évidente. A chaque mort, le personnage reprend au dernier checkpoint en tâchant de ne pas refaire les mêmes erreurs. On pourrait donc craindre que le résultat ne soit que lourdement rébarbatif à l’écran, mais il en est tout autrement. Les morts du personnage sont débarrassées de leur dimension punitive grâce à des ellipses judicieuses, l’évolution du héros (associé au farming) est expédiée mais palpable, et le film ne se concentre plus que sur les passages clés de l’intrigue.
Il en résulte que ‘Edge of Tomorrow’ est un blockbuster implacable et percutant, à l’image des soldats renforcés par leurs exo-armures. La mise en scène est de qualité, on retrouve avec excitation le chaos des plage de Normandie, et les extra-terrestres profitent d’un style original et réussi. Le rythme du récit est soutenu, les scènes d’action ne cessent de devenir plus impressionnantes au fur et à mesure que Cage s’entraîne, et les seuls détours que le film s’autorise sont des gags amusants qui écartent l’œuvre d’un sérieux pompeux qu’avaient pu parfois revêtir ‘Oblivion’ par exemple. Pour autant, l’œuvre n’oublie pas de fournir les explications nécessaires au bon déroulement du récit, et surveille la cohérence du récit en priorité. On appréciera d’ailleurs l’intelligence du piège tendu par l’Omega à Cage (si Cage tue l’Alpha au barrage, tout est perdu).
La réussite d’Edge of Tomorrow’ repose avant tout sur Tom Cruise, qui fait encore une fois preuve d’un magnétisme évident, mais aussi sur une Emily Blunt méconnaissable. A force de revoir en boucle les mêmes séquences (le gainage sensuel de Rita), le spectateur fini par tomber sous le charme de l’actrice, au même titre qu’un Cage envoûté. Le film parvient d’ailleurs à exprimer subrepticement le malaise de leur relation, sans toutefois tomber dans la niaiserie.
On regrettera finalement un final légèrement en dessous du reste du récit, mais finalement plaisant comme avait pu l’être ‘Source Code’. Et puis, on ne saurait bouder son plaisir lorsque le refrain de ‘Love Me Again’ de John Newmann vient parachever une happy end réjouissante.
Un blockbuster jouissif et intelligent.