Dans un futur pas si lointain, c’est la guerre (encore ??!!). Ce qui semblait être une banale chute d’astéroïdes sur l’Europe était en faite l’arrivée de belligérants extraterrestres tentaculaires et ultra violents. L’inexpérimenté commandant William Cage est appelé au combat pour une offensive décisive en France mais il se fait, comme ses nombreux camarades, tué rapidement. Il se réveille aussitôt dans la passé, et se rend compte qu’il est bloqué dans une boucle spatio temporelle qui l’oblige à revivre ces horreurs et mourir sans cesse.
On peut le dire toute de suite, vous l’avez sans doute remarquer, Edge of Tomorrow n’invente rien. Les éléments qui le composent tant sur le visuel que sur l’intrigue sont tirés d’autres films que l’on reconnaitra tout de suite. Comme dans le culte Un Jour Sans Fin, Tom Cruise ne cesse de revivre les mêmes moments à la différence que c’est sa propre mort qui le ramène à son point de départ. On parlera donc plutôt du récent Source Code qui oblige le personnage principal à réussir une mission très difficile dans un temps imparti. Il faut attendre que la première boucle soit bouclée pour que Edge of Tomorrow se lance vraiment. Dès lors qu’on parle de voyage dans le temps, un film peut devenir très accrocheur si l’histoire est suffisamment bien foutue. Pour le coup, la mission est réussie d’autant qu’un film d’action futuriste se prête vachement bien au genre. Le début ne laissait pourtant pas augurer le meilleur avec un Tom Cruise peu crédible, une menace jamais expliquée et des soldats neuneux qui bouffent des cartes à jouer.
La scène principale du film est un débarquement massif sur les côtes françaises. Assez impressionnante il est vrai même si une fois encore la caméra au poing gâche le plaisir. Les combattants dans leurs exosquelettes à mi chemin entre Elysium et Warhammer 40k confèrent de l’intérêt à ce D-Day du futur mais frôle sur certains plans avec le nanar de SF qui risque de vite devenir has been. Le genre de film qu’on verrait bien sur W9 dans quelques années. Rien de très novateur dans les combats, les aliens rappellent encore les sentinelles de Matrix, elles inspirent la peur et donnent envie de les détruire avec une flopée de balles bien placées.
Autant le film se voulait drôle sur le début (voire lourd), le propos prend plus de sérieux à force des morts récurrentes de William Cage. Tom Cruise est largement plus à l’aise quand il s’agit de parler comme un bonhomme et de se battre pour sauver la planète. Son alter ego féminin en la personne d’Emily Blunt s’impose efficacement jusqu’à faire pratiquement de l’ombre au quinquagénaire américain. Dommage qu’en dehors de ce duo, il ne reste que des personnages caricaturaux et/ou peu intéressants.
La théâtre de la guerre n’est pas la fière Amérique mais bien la vieille Europe. De quoi donner un peu d’originalité au propos que de savoir la France en cœur du combat. Le final dans un Paris inondé est assez sympa à regarder. Une armée internationale s’allie sur le front européen pour repousser la menace, ce qui donne lieu à une introduction savoureuse de journaux télé où même François Hollande se paie le luxe d’apparaitre. Le film n’en dit pas trop pour éviter de se perdre et je crois que c’est un bon choix car il est déjà difficile de croire qu’une menace venant des confins de l’univers n’arrive pas à traverser la Manche. L’État-major basé à Londres possède même des cartes qui sont fausses puisqu’un plan sur écran géant montre clairement la Croatie et sa capitale… Ljubljana ! Tu m’étonnes qu’on arrive pas à bouter l’ennemi si on ne connais pas la géo.
Il serait faux de dire que je me suis pas amusé devant Edge of Tomorrow mais son air de faux jeu vidéo (exosquelettes, mitrailleuses, try and retry) lui enlève une certaine crédibilité, un serieux que l’on aurait aimé voir. Autant le système de boucle temporelle est bien utilisé, le reste manque quelque peu de consistance. On ne retrouve pas le poids psychologique de revivre sans cesse la même journée qui était bien présent dans Un Jour Sans Fin. La banalité de la mort y est pour quelque chose. Le film n’arrive pas à se trouver un ton à adopter en toute circonstance. C’est comme le choix de mettre de la soupe festive (Love Me Again de John Newman) au générique final après ce déluge guerrier… En somme, Edge of Tomorrow reste un film tout à fait divertissant mais qui ne dépassera pas ce stade. On apprend au moins que pour bien défendre ses côtes, rien de mieux que des extraterrestres. Rommel likes this.