Impossible de voir Edison sans y sentir Southland Tales : un État dans l'État, un arrière-goût d'Apocalypse, une violence qui surprend en sortant directement des coulisses... tout y est, jusqu'à Justin Timberlake (LL Cool J remplacera Dwayne Johnson). Ce sont deux films contemporains avec en commun leur thème et le fait qu'ils ont été mal reçus.
Il faudra donc aussi partir sur la base d'une ambiance aussi discontinue que sordide, mais ce n'est pas le problème. Au contraire, cette ambiance était pour moi symptomatique de ce qui était sous-coté chez Southland Tales et je ne cracherai pas sur la manière qu'ont les deux films de contourner les écueils du gros thriller en substituant une malsanité contrôlée à l'apparatus hiérarchico-administratif qui fait souvent grincer la machinerie scénaristique policière.
Le problème, c'est avant tout le casting sous-utilisé. Freeman et Spacey sont invisibles et Timberlake trop chouchouté, ce qui se sent dans le rapport de force ridicule avec son mentor, le personnage de Freeman. L'idée de faire passer de son plein gré le jeune gratte-papier à travers un enfer mafieux afin qu'il mérite son titre de journaliste, voilà qui aurait dû être le procédé d'une histoire initiatique, et pas le moteur d'un film d'action. Edison se retrouve à n'être ni l'un ni l'autre.
Edison est au cinéma hollywoodien hyperurbain ce que le hot dog est à New York : un symbole un peu marrant mais sans aucune classe, la caricature d'une culture qui essaye de s'assumer en se prélassant dans les exagérations d'elle-même. Ça passe une fois, et le genre peut devenir culte ; le film, non.
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