Edmond pête les plombs, il en a ras le bol de sa femme, de son boulot, frustré, malheureux, il largue tout et s’embarque pour une nuit sans retour. Pourquoi pas ? A mon avis l’ami Edmond a surtout besoin de s’envoyer en l’air, comme lui suggère cet inconnu dans un bar. Il va d’abord déchanter, tout le monde le prend pour un guignol et n’est intéressé que par son fric. Il faudra qu’il devienne un meurtrier pour qu’il éprouve enfin l’exaltation d’être en vie. Ouais. Il y a un drôle de discours sur l’aliénation de l’homme blanc, en opposition au black qui, refusant de travailler, de jouer le jeu, serait plus libre. Ou quelque chose comme ça. Vraiment ? On suit avec un certain intérêt le voyage d’Edmond au bout de la nuit, jusqu’à ce que le film, dans son dernier acte, quitte le premier degré et se mette à ressembler à une pièce de théâtre off et arty, dans une fin complètement ratée. Mamet est à l’origine de ce mauvais scénario, on retrouve d’ailleurs ses complices habituels (Macy, Montegna, Pidgeon). Stuart Gordon vient du théâtre, ce n’est donc pas si surprenant que ça de le retrouver dans la bande. Et si je continue à m’intéresser à lui, au moins pour sa crudité, et sa façon franche de mêler sexe et horreur, je pense de plus en plus qu’il n’est décidément pas un bon réalisateur. (Vu en 2020)