Le temps d'une soirée, Edouard et Caroline se chamaillent tendrement, comme à l'ordinaire sans doute, se boudent franchement puis, sans surprise, se réconcilient. Comment en aurait-on douter, d'ailleurs, tant leur brouille-même est amoureuse.
Le salon mondain, où Edouard et Caroline doivent passer leur soirée, et l'appartement du couple, où il s'y prépare, sont les deux décors du film, et Jacques Becker de jouer du contraste entre les deux endroits. Le petit deux-pièces, modeste et sans luxe, typique de jeunes mariés, est un lieu qui suggère, malgré les charmants différends du couple, l'amour et le naturel, la spontanéité. Tout l'oppose au salon doré et guindé de l'oncle Claude où l'on parle volontiers l'anglais mais où ne trouve que des postures et pas l'ombre d'un sentiment vrai. La simplicité du couple Daniel Gélin-Anne Vernon, sa jeunesse et son sex-appeal suggéré par Becker, nous le rendent particulièrement attachant; au contraire des bourgeois ridicule du Tout-Paris.
Eléments essentiels du sujet, ces deux décors opposés donnent son apparence théatrale à la mise en scène aucunement à celle d'un quelconque boulevard car les situations sont mesurées, sans effets ouvertement comiques, très simplement fondées sur la fâcherie sentimentale et délicieuse d'un jeune couple plein de vie.