Je n'éprouve plus aucun intérêt envers le cinéma de Tim Burton. Ses créations actuelles m'horripilent en tout point et à vrai dire, son dernier film à savoir Dumbo ne m'intéresse aucunement (surtout quand il s'inscrit dans cette longue liste de remakes à l'utilité discutable par Disney). Du coup, au lieu de m'enfermer dans une salle de cinéma pour regarder un remake live sur un éléphant qui vole, je suis allé revoir Edward Scissorhands pour une projection spéciale.
Et c'est fou, mais malgré tout le mépris que j'éprouve envers Tim Burton, je ne cesse de retomber dans un émerveillement total devant son quatrième long-métrage. Edward Scissorhands, j'ai beau le revoir, je fini toujours béat à la fin.
Et le fait de le voir au cinéma a décuplé les émotions procurées par le film, j'ai eu les yeux humides deux fois en vingt minutes. Pas forcément la grosse larme de tristesse, mais la larme d'émotion, la larme de joie, d'émerveillement.
Mais voilà, pourquoi Edward Scissorhands fonctionne à ce point quand toutes les autres créations de Burton me paraissent au minimum cool (Charlie et la Chocolaterie, Mars Attacks, Batman), au pire, nul à chier (Dark Shadows, Miss Peregrine, Alice In Wonderland). A mon avis, tout est une histoire de dosage.
Je ne déteste pas foncièrement le style Burton, au contraire, je trouve que lorsqu'il n'est pas trop appuyé, il peut s'avérer génial comme c'est le cas avec ce Edward Scissorhands, la preuve, il fait parti de mes cinq films préférés. Mais voilà, quand Burton se laisse trop aller, même dans Batman Le Défi, je trouve que ça part en cacahuète et ça devient insupportable, le point culminant étant à mon goût Miss Peregrine. Dans Edward Scissorhands, Burton trouve le juste milieu entre univers loufoque, auto-portrait à travers un personnage isolé, humour décapant et surtout, une poésie envoûtante quasi-inexistante dans ses dernières créations.
Edward Scissorhands c'est tout ça en un seul film. Je rigole autant que je pleure devant cette œuvre, c'est un film qui transmet des émotions, qui nous les fait vivre, et je crois que ça n'a jamais été autant le cas que devant ce long-métrage.
Tout d'abord, Edward est certainement le personnage le plus intéressant écrit par Burton. Il s'agit là d'une machine inachevée éprouvant des émotions et qui se retrouve projetée dans notre monde. Crée de toute pièce par un inventeur, Edward apprend avec lui le concept des émotions, un aperçu de la vie et surtout le terme « aimer ». Or, cet inventeur décède avant d'avoir terminé son œuvre, et cette machine se retrouve incomplète, car n'ayant pas de mains, mais des sortes de lames à la place.
Une fois dans notre monde, il devient le sujet principal des voisins, on l'espionne, on cherche à savoir qui il est et provoque la fascination. Mais face à la complexité et la cruauté de notre propre système social, Edward peine à comprendre les concepts de bien et de mal. Alors qu'il tente constamment de faire le bien, il fait des erreurs, et est alors rejeté par les mêmes personnes qui l'admiraient auparavant. Un monde impitoyable le manipule, pour le rejeter dès le moindre défaut, notre monde.
Voilà donc déjà une analyse pertinente de notre société, une société qui consomme, une société qui rejette. Un rejet qui rappelle beaucoup le réalisateur lui-même, qui s'est toujours montré marginal.
D'un point de vue émotionnel donc, Edward Scissorhands est une pépite qui fait battre mon cœur la chamade et me fait bégayer une fois le film fini. Le tout amplifié par la composition magistral de Danny Elfman.
Et pourtant, même si Edward Scisshorhands fait pleurer, il fait aussi énormément rire. Tim Burton use à merveille de son concept d'homme aux mains d'argents. Oui, ce qu'Edward vie est triste, mais son parcours au sein de notre société est semé de péripéties toutes plus hilarantes les unes que les autres à commencer par ses différents jobs. D'abord jardinier, puis toiletteur canin et enfin coiffeur, l'usage de ses cisailles lui permettent de nombreux exploits, mais ses maladresses dû à la découverte de notre monde sont elles aussi hilarantes. Un des gags qui me fait tout le temps rire, c'est la rencontre entre Edward et Kim. Qui aurait cru qu'une rencontre aussi désastreuse puisse être le point de départ de l'une des plus belles histoires d'amour du cinéma.
Parce qu'Edward Scissorhands, c'est aussi ça, c'est une romance d'une beauté totale, une alchimie entre un Johnny Depp d'une justesse folle et une Winona Ryder à tomber par terre. Une relation au départ plein de non dit, de gêne car Kim est effrayée par ce qu'elle ne connaît pas. Or, lorsqu'elle comprend la véritable nature d'Edward, qu'elle comprend que celui-ci n'exprime aucun sentiment de haine envers quiconque, elle se rend compte de la pureté de l'être, être qui n'est pourtant qu'une machine. Et lorsqu'elle se met à danser dans la neige provoquée par Edward, mon cœur s'arrête. Ce travelling circulaire autours de Winona Ryder, ce plan d'une beauté miraculeuse m'emplit de joie à chaque fois. Sans déconner... la danse de la neige, c'est juste la plus belle chose que j'ai pu voir dans un film.
Ce qui me fascine au final dans Edward Scissorhands c'est qu'on oubli qu'on est face à une machine, on oublie qu'on est face à des acteurs, des personnages. On se laisse emporter par l'histoire, par la beauté de la mise en scène, par la musique douce et magique de Danny Elfman. Edward Scissorhands m'emporte comme aucun autre film, me fait rêver comme aucun autre et ce soir, j'irai me coucher les étoiles plein la tête en repensant à Winona danser dans la neige.
Edward Scissorhands me rappelle toujours que Tim Burton a réussi à me faire vivre ça, cette sensation de complète béatitude devant un film. Et je sais qu'au fond de moi, j'espère encore ça venant de lui... Mais il lui faut encore retrouver cette poésie qui rend à mon sens Edward Scissorhands si touchant. Cette poésie qui fait d'Edward Scissorhands l'un des plus beau films de l'histoire du cinéma.
« Parfois je me vois encore danser sous les flocons!"