Quoi que fasse Edward, il ne sera jamais comme les autres
Probablement l'un des films les plus poétiques et merveilleux de toute l'histoire du cinéma et un sommet de l'oeuvre Burtonnienne.
S'il est bien une oeuvre qui conjugue la richesse des thèmes, le fond et la forme, il s'agit bien "d'Edward aux mains d'argent". Oeuvre surréaliste complètement à part, le film innove et propose au passage une caricature de la petite banlieue américaine tant représentée au cinéma et dont Burton est lui-même issu. Aussi, il nous montre que derrière cette façade se cache la jalousie, la méchanceté, l'intolérance et la perfidie vis-à-vis de tout ceux qui sont différents. En clair, l'innocence ne parvient pas à trouver sa place dans cette Amérique puritaine et fantasmée qui se cache derrière des pelouses impeccables et des maisons trop colorées et identiques les unes des autres. Un portrait glaçant que nous livre Burton qui s'assimile ici totalement au personnage d'Edward en livrant une part autobiographique de son enfance à Burbank.
Par ailleurs, le film est comme nous l'avons dit totalement atypique de par le visuel que nous impose Burton. Une ville aseptisée aux couleurs exacerbées, et un château gothique à souhait, lieu de tous les rêves et de l'originalité. Sur ce plan là la réussite est totale. D'autre part, le film fait également référence à de nombreuses oeuvres passées. Transposition moderne d'une histoire de conte de fée, le film n'en oublie pas de rendre hommage au Frankenstein de James Whale.
Enfin, l'hommage ultime, Burton l'adresse tout entièrement à son idole, le grand Vincent Price, qui campe ici son dernier rôle au cinéma. Des séquences particulièrement réussies qui montrent l'inventeur dans son étrange demeure, fabriquer Edward puis faire son éducation. Une fabrication incomplète puisque celui-ci mourra dans une scène poignante dans laquelle le visage de Price est soudainement aspiré par la mort, sans que celui-ci ait eu le temps de terminer sa créature en le dotant de véritables mains. Hommage somptueux, car peu d'acteurs auront eu l'occasion de tirer le rideau d'une façon aussi poétique et de s'offrir une mort cinématographique aussi belle.
Doté d'un casting parfait et d'un couple désormais mythique composé de Johnny Depp et de Winona Ryder, qui trouvaient alors tous deux l'un de leurs meilleurs rôles, le film grâce aux excellentes prestations des acteurs, parvient à nous captiver pour ces personnages, tous plus excentriques les uns que les autres. D'ailleurs, ces personnages Burton les affectionne tout particulièrement et cela se sent. Fable poétique de haute volée, le film n'en demeure pas moins en dépit de sa maestria visuelle, un film bouleversant et unique où l'émotion passe sans cesse. N'oublions pas d'ajouter à cela la musique sensationnelle composée par Danny Elfman, et nous obtenons à n'en pas douter un véritable chef-d'oeuvre. Un film miraculeux, qui amuse, émerveille, terrifie et nous bouleverse.
Une oeuvre thématiquement forte pour sa critique acerbe de la société américaine qui peine à accepter la différence, mais aussi et surtout un film qui se regarde avec bonheur au premier degré. De nombreuses scènes restent longtemps gravées dans les mémoires. Tim Burton nous livre avec ce chef-d'oeuvre son plus beau film. Tout simplement merveilleux.
Un film poétique et magique. L'un des sommets de l'oeuvre, pourtant riche, de Tim Burton. Un régal visuel qui fait la part belle aux émotions et à la magie d'un simple conte pour enfant qui n'est en rien édulcoré.