C'était mon retour dans les cinémas toulousains, non fréquentés depuis le 17 mars 2020, pour cause de confinement, puis de non ouverture, puis de vacances. Je ne m'attendais pas à une méga fréquentation, mais tout de même : un cinéma art & essai du centre-ville le samedi après-midi faisait, dans le monde d'avant, généralement salle quasi comble. Là, c'était très très clairsemé ! Est-ce la moyenne d'âge, très élevée, du public de cinéma ? Le retour des gilets jaunes en ville (qui ont bien fait courir la maréchaussée, soit dit en passant) ? Toujours est-il que les petites salles ont du souci à se faire, à moins - on peut toujours rêver, hein - que les aides gouvernementales ne soient pas captées que par les gros...
Sur le film en lui-même : il aborde, sous un angle humoristique, les nombreux avatars des nouvelles technologies de l'information et de la communication, comme on dit, vus ici sous l'angle de leurs conséquences sur une population socialement déclassée. Le catalogue est à peu près exhaustif : réseaux sociaux, intelligence artificielle, centres d'appels, sexe-tapes, data centers, géants mondiaux de la vente par correspondance, comparateurs de mutuelles, hackeurs, voitures de transport avec chauffeur, évaluation par les utilisateurs, cyberharcèlement, réalité virtuelle etc. etc. J'en oublie certainement. Bon, c'est vrai, pas de clin d’œil à Sens Critique, mais c'était tout juste...
Ça se présente donc comme une suite de gags, dont certains sont très réussis et d'autres un peu moins. Avec un tel inventaire à la Prévert, la difficulté était certainement de lier le tout dans le cadre dans le cadre d'un scénario consistant. Et c'est bien là que le bât blesse, car le scénario ne tient pas vraiment la route et se barre par moments totalement en couilles. Le format du film à sketches aurait probablement été mieux adapté, il a d'ailleurs été utilisé dans Selfie sorti il y a peu, mieux réussi et qui parle à peu près de la même chose...
Mais tout n'est pas à jeter : certains gags sont très bons (je me répète) et le trio d'acteurs porte le film, qui est très bien interprété. Blanche Gardin excellente, Podalydès et Masiero pas mal non plus. Avec en bonus des guest stars par ci, par là : Houellebecq, Berroyer, Poelvoorde et Vincent Lacoste, coiffé à la rocky, et qui du coup n'a pas pour une fois son éternelle tronche de gosse de riche triste. Et puis, l'hommage rendu aux gilets jaunes est quand même sympa...