Steven Soderbergh est un bourreau de travail. En l’espace de trois ans, il nous à offert quatre films, selon moi, très réussi. Il était donc vital pour moi d’aller tenter l’expérience Effets Secondaires quand on à pu voir la réussite accomplie avec Haywire ou encore Contagion, Magic Mike étant un peu dissocié du reste. Une nouvelle réalisation proche de la perfection, où le casting fantastique et le travail du scénariste Scott Z. Burns se mêlent pour ne former qu’une toile d’araignée d’où les différents liens viendront s’adjoindre aux autres, laissant le spectateur circonspect et obnubilé.
Débutant par un plan aérien qui nous dévoile progressivement le décor, Effets Secondaires nous happe dès ses premières secondes par son ambiance à nulle autre pareille. Ce côté froid, mystérieux ponctué par une musique entêtante et lugubre nous annonce la couleur d’un film qui oscillera entre le drame et le thriller. Se focalisant dans sa première partie sur le personnage d’Emily interprété par la magnifique Rooney Mara, le film intrigue plus qu’il ne réponds à nos interrogations, nous plaçant face à cette jeune femme tombant en dépression suite à l’emprisonnement de son mari. Cherchant progressivement à nous faire ressentir le malaise de la jeune femme, le scénario nous plonge progressivement dans la démence grâce à sa réalisation sobre et intimiste ou la proximité entre les personnages se fait de plus en plus présente. Les nombreux plans rapprochés ainsi que la clarté de l’image et sa volonté de nous montrer des personnages lambdas et propres sur eux nous immerge dans une sorte de paranoïa qui deviendra persistante au fil des séquences.
A l’opposé de ce que l’on pourrait penser, Effets Secondaires nous surprend pour finalement nous proposer un film véritablement vicieux et énigmatique, bien loin du sujet premier duquel il aurait pu s’inspirer. Là ou nous imaginions un film d’actualité où les scandales pharmaceutiques se mêleraient aux magouilles financières, Scott Z. Burns nous emmène dans une tout autre direction où son panel de personnages tous plus dérangés les uns que les autres pourront pleinement prendre vie. Se dévoilant un à un au fil de l’intrigue, chacun passera constamment d’une façon d’agir à une autre, amplifiant le sentiment de perdition que l’on ressentait déjà auparavant. Qui agit dans le bien des autres et qui mène la danse ? A quoi cela rime et où se trouve la finalité de toute cette histoire ? Chacun des personnages, et particulièrement celui de Jude Law, aura sa part de mystère et un but personnel dans lequel tous les coups sont permis pour retrouver une vie normale. Des situations de dominants/dominés feront alors leur apparitions ou les différents protagonistes tenteront de prendre le dessus sur l’autre. Loin du thriller psychologique classique, le nouveau Soderbergh est bien un film profondément paranoïaque où le spectateur se posera des milliers de questions et où l’incompréhension laissera place à l’anxiété.
Angoisse amplifié comme je le disais précédemment par la réalisation de haute volée de Soderbergh nous offrant un véritable plaisir pour les yeux. Les mouvements, harmonieux et lents ainsi que les lumières donne au film cette patine entre le rêve et le cauchemar. Presque sensuelle, la proximité qu’instaure la caméra donne au tout cette approche intimiste, accentuant l’inquiétude et le désir sous-jacent entre les différents individus. La bande-son de Thomas Newman absolument fascinante finissant de nous plonger dans les affres de l’intrigue grâce à ses boucles sonores marquant les différents rebondissements du scénario. Aussi bien dans sa structure scénaristique irréprochable que dans sa trame aux différents niveau, la bobine nous emporte et nous rappelle des films comme Zodiac ou les différentes pistes s’emmêlent pour n’en révéler qu’une seule au bout du compte. Se révélant comme l’on tournerait les pages d’un roman, Effets Secondaires s’achèvera dans le doute et laissera un goût d’inachevé au spectateur, comme si on ne lui avait pas tout dit, parachevant donc son rapport avec la face cachée des médicaments.
Bref Effets Secondaires est un vrai petit bijou dirigé d’une main de maître par un Soderbergh qui semble connaître son sujet sur le bout des doigts. Fascinant, intriguant, lugubre et paranoïaque, le film n’aura de cesse de jouer avec nos sens pour mieux nous troubler et finalement assembler sa structure comme un puzzle. Son approche presque naturelle ainsi que sa sensualité apparente nous prend aux tripes et ne nous lâchera qu’une fois sorti de la salle. Doté d’un casting quatre étoiles et de personnages hauts en couleurs, le scénario de Scott Z. Burns nous surprendra pour mieux nous scotcher à notre siège tant les niveaux de lecture sont différents. Soderbergh nous livre ici l’un des meilleurs films de cette année et malheureusement, probablement son dernier, celui-ci ayant décidé de mettre un frein à sa carrière.