Au lieu de penser son huis clos cathartique en actes et en scènes, suivant l’articulation d’une tragédie antique ou classique au terme de laquelle l’unité est retrouvée après avoir été mise à l’épreuve, Joel Schumacher use et abuse des flashbacks aussi laids visuellement que nuls dramatiquement car mobilisés lorsqu’ils apportent ou justifient un rebondissement – souvent grotesque au demeurant. Tout cela fait très fabriqué, artificiel et comme étiré jusqu’à l’extrême pour tenir sur une heure et demie de long métrage. Au lieu de poser un chronotope et de caractériser ses personnages, Effraction commence presque in medias res, promesse d’une structure narrative suffisamment retorde pour construire l’ethos des protagonistes et antagonistes au fil de leurs péripéties ? Non, bien au contraire. Le film est comme rattrapé par ses effets de manche, se montre aussi lâche que les braqueurs qu’il représente. Car ce qui pose problème ici n’est pas tant la métaphore filée de la punition imposée à une cellule conjugale – argent sale, mensonge, adultère – que sa mise en scène lourdingue, au service d’une réalisation sans âme ni inspiration. Les deux acteurs principaux, à savoir Nicolas Cage et Nicole Kidman, sauvent la mise et assurent le spectacle, quoique leur jeu se réduise à pousser des cris et à insulter leurs agresseurs.
Effraction ne constitue certes pas une purge, mais se longueurs et les impressions de piétinement permanent qu’il renvoie au spectateur lui confèrent un intérêt tout relatif.