Qui vole un œuf...
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Lors de ma préparation du festival de Gerardmer 2022, le trailer de Egō m'a pas mal hypée, et j'en attendais une métaphore de l'adolescence propre visuellement. Restait à voir si le film tenait ses promesses au niveau de son contenu.
Spoiler alert : OUI !
Sur un plan formel, Hanna Bergholm réussit un sans-faute : les enjeux sont clairs sur chaque plan, l'ambiance visuelle léchée dissémine beaucoup de détails narratifs dans les décors, me prédisant un second visionnage au moins aussi plaisant. Tel une ritournelle, le thème musical est distillé tout au long du film sans être entêtant pour autant. Les acteurs sont formidables, à commencer par la jeune Siiri Solalinna, qui fait preuve d'une grande subtilité dans son jeu.
Cette subtilité est mise au service d'un fond foisonnant. Si la métaphore adolescente est très transparente, comme prédit par le trailer, l'exécution est parfaitement maitrisée.
[Je découvre en passant le scénariste Ilja Rautsi et j'ai évidemment très envie de voir ses deux courts aux titres édifiants : Helsinki mansplaining massacre et Night of the Living Dicks (avouez, ça donne envie !)]
Egō aborde avec intelligence le sujet de l'affirmation de soi dans un contexte oppressif (mère perfectionniste et culture de l'apparence), à travers des scènes très justement écrites et tout aussi justement jouées, traitant du consentement. Le rôle des hommes (vis-à-vis des femmes, notamment) y est beaucoup questionné, avec justesse et beaucoup d'humour, entre un personnage du père parfaitement inapte à nouer des relations intimes avec ses proches et un amant présenté comme le seul role model sain d'esprit de l'histoire.
On profite d'un commentaire - sans subtilité pour la peine, mais assez jouissif - sur les méfaits des réseaux sociaux et leur dictature de la perfection, ce qui fait toujours du bien.
Le métrage se joue des tropes (on évite la rivalité féminine toxique dans la compétition), et ne nous noie pas sous une débauche de violence gratuite : chaque scène a son rôle, chaque attaque représente une évolution du personnage principal. Lorsque l'histoire se clôt, on sait que ce n'est que le début des ennuis pour cette famille, qui va devoir cohabiter avec un monstre bien décidé à ne plus sourire et dire oui pour faire plaisir.
Grâce à toutes ses qualités, Egō se hisse en haut de mon palmarès personnel du festival 2022. ça tombe bien : c'est le Grand Prix !
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Créée
le 31 janv. 2022
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