Il y a des grands films de cinéma, et il y a de grands romans de cinéma. El Abuelo est de ceux-là : plus de deux heures à lire une histoire humaine à travers quasiment rien que des dialogues, ce procédé dont certains ont dit qu'il ne doit servir qu'à montrer des conflits entre les personnages. Des conflits, il y en aura : des petits, des gros, des intérieurs et des extériorisés, des d'actualité et d'autres désuets. C'est l'histoire épique d'un homme de caractère qui, s'il se connaît bien et sait en imposer par ses airs de noble qui a tout vécu, tient à remettre toujours en question la vie. Le film n'a pas les airs pincés que je supporte mal, même sous forme d'ironie ou de critique, dans les œuvres qui traitent de bourgeoisie : il s'agit simplement ici de faire avec ce qu'on a pour être humain. Malgré les carcans sociaux qu'il choisit de traiter, Garci parvient à donner à ses protagonistes une authenticité incroyable, de quoi vivre le frisson d'un passé fascinant sans avoir à se dire, comme c'est souvent le cas, que le cinéma ne saurait aborder que superficiellement les us d’un autre siècle.