Deux films espagnols en une semaine au cinéma ? C'est très probablement la première (et dernière?) fois que cela m'arrive ! Mais j'en suis ravi tant les titres concernés, sans être parfaits, donnent une belle image d'un cinéma n'ayant jamais franchement eu le vent en poupe. Loin d'être un énième film réaliste sur le milieu du travail, pouvant vite être barbant si on ne sait pas y faire, Fernando León de Aranoa privilégie la satire à travers le portrait souvent drôle mais sans concession d'un chef d'entreprise ambitieux, prêt à (presque?) tout pour atteindre ses objectifs.
Si l'on excepte quelques faiblesses et facilités, le scénario est excellent, construit avec beaucoup d'habileté, d'intelligence, mettant autant en valeur des dialogues souvent réjouissants qu'une belle galerie de personnages, rarement sympathiques mais toujours intéressants, chacun ayant un rôle à jouer, même s'il faut parfois attendre longtemps pour s'en rendre compte. À quoi s'ajoute une nouvelle masterclass absolue de Javier Bardem (excellemment secondé par la très belle et très talentueuse Amuldena Amor, nom à suivre de près), parvenant presque à susciter chez nous une forme de sympathie chez ce patron, en tout cas de compréhension.
Le film se regarde ainsi avec plaisir, notamment lors d'un dénouement multipliant les rebondissements réjouissants, décidant définitivement des grands gagnants et grands perdants du récit, sans oublier une ultime scène dont la conclusion justifie amplement la durée. Savoureux.