La hype était tangible lorsque Netflix a annoncé cette suite à Breaking bad sous forme de film. Enfin, sous forme de téléfilm plutôt puisque c'est Sony Pictures Television qui a mis les sous.
Il y avait une infinité de possibilités pour la suite de Breaking bad en se focalisant sur le personnage de Jesse (quoi que...). Le problème, c'est que non seulement El camino choisit à la fois la plus simple et la plus évidente, mais qu'en plus Vince Gilligan ne sait pas quoi ajouter à cela. Effectivement, après la première scène du film (qui nous montre un dialogue), on sait comment ça va finir.
Alors Gilligan choisit le fan-service pour meubler. Et ce fan-service va passer par des flashbacks, qui représentent bien la moitié du film, et ça pose plein de soucis.
D'abord, les acteurs ont morflé. Certains ont grossi, d'autres ont vieilli, d'autres sont plus carrés, mais ça ne marche pas. Par ailleurs, les défauts de la série en termes de cohérence (à savoir l'usage abusif de perruques pour les flashbacks) reviennent très fort dans ce film, directement disponible en 4K pour les abonnés Netflix...
Les flashbacks sont connectés à l'intrigue principale, c'est évident, mais n'apportent rien à celle-ci. Tous ces caméos de personnages sont superflus, inutiles. Ça n'apporte rien à ces personnages ni à Jesse. Alors bien sûr il est logique que Jesse, traumatisé par ce qu'il a vécu, repense à ces moments. Mais il aurait pu prendre toutes les décisions qu'il prend sans qu'on voit ces flashbacks et sans que ça choque le spectateur. Ils sont nombreux et cassent le rythme au lieu de captiver le spectateur. Parce que justement, à l'image des flashbacks, l'intrigue principale est creuse et longue.
Breaking bad avait une qualité, c'était de préparer le terrain très longtemps de façon à ce que lorsque tout explose, ça prenne tout de suite une dimension très importante. El Camino ne parvient pas à le faire et c'est dommage. L'intrigue aurait pu tenir sur un moyen métrage de 20 minutes.
Heureusement, c'est pas moche. Le ratio est différent de la série ce qui donne plus de grandeur aux plans, y'a de jolis plans de paysages, des travellings très lents et très beaux, une lumière maîtrisée, un hommage aux westerns... C'est ça le plus triste avec ce film, c'est qu'en termes de réalisation il y a du travail, du bon travail.
Malheureusement, malgré ce léger changement dans la forme (le ratio tout simplement), on a vraiment l'impression d'avoir affaire à un long épisode supplémentaire pour la série et pas un film.
Si on n'a pas vu Breaking bad, ce film n'a vraiment aucun intérêt, mais alors aucun. Whedon, lorsqu'il a réalisé Serenity, a eu l'intelligence de réintroduire les personnages de Firefly, même si l'attache émotionnelle qu'on va leur porter sera bien plus grand si on a vu Firefly.
Je pensais naïvement qu'il s'agirait d'un des meilleurs films de l'année, mais ce n'est clairement pas le cas. Une suite inutile qui n'apporte rien tout en ayant l'intelligence de ne pas casser le matériel de base, c'est tout ce que c'est.