Personne n'avait vraiment besoin de savoir ce qui arriverait à Jesse Pinkman après qu'il ait été délivré par Walter White, mais Netflix a décidé que ça méritait un film. Et l'équipe (enfin, une partie...) de "Breaking Bad" a rempilé pour un tour, pour rajouter ce "El Camino" à ce qui pourrait / risquerait de commencer à ressembler à une saga... Nous, on attendait plutôt la conclusion de la remarquable série "Better Call Saul", parce que Jesse était sans doute le personnage de "Breaking Bad" qui nous intéressait le moins.
En fait, il est impossible de passer un mauvais moment devant "El Camino", parce que Vince Gilligan a un style que l'on prend plaisir à retrouver, et qui lui permet de rendre fascinant à peu près n'importe quoi... Ici, l'histoire n'est pas particulièrement intéressante, le film pourrait d'ailleurs faire 20 minutes de moins et être un peu meilleur : il se conclut néanmoins sur une excellente scène finale qui évoquera un duel de western, et par la découverte que, oui (et c'est bien normal...), Jesse a été profondément transformé par tout ce qu'il a vécu. Il est enfin devenu un homme, même si, comme dans le cas de son mentor, c'est plutôt le "chemin" du mal qu'il aura emprunté et continuera (peut-être) de suivre.
Est-ce que cette "révélation" valait un film, aussi soigné soit-il ? Rien n'est moins sûr... Et ce d'autant que Aaron Paul n'a jamais été un grand acteur, et que sa prise de poids en dix ans décrédibilise franchement le principe d'une histoire s'enchaînant directement avec "Breaking Bad", sans même parler des flashbacks...
Et si, finalement, la vraie qualité de "El Camino", c'était de nous donner envie de revoir la très grande série de Gilligan ?
[Critique écrite en 2019]