El campo en emporte le vent.
Il faut que je me fasse une raison, j'aime les films qui tentent de reproduire la vie quotidienne dans sa banalité, c'est-à-dire ceux où il n'y a pas de drames terribles, d'accidents de voiture, de menaces au flingue, ou simplement de crises de larmes fleuve mais rédemptrices, d'engueulades avec ou sans baston aux effets salutairement cathartiques.
J'aime quand on peut voir un enfant s'éloigner alors que la mère s'est endormie sans redouter le lieu commun qui veut qu'il soit tombé *dans* un trou *sur* un pal couvert de staphylocoques où une hyène l'aura dévoré à moitié avant qu'un violeur (une violeuse en option de secours) ne rapplique avec sa bouteille de gin, ses hépatites A, B, D et G et son sourire perturbé. Pourtant dans les effets de tension le film pose pas mal de chausse-trappes de ce genre (voyez la critique de LeBlogDuCinéma signée Teddy, qui voit carrément un thriller dans ce film. Ça me semble un peu exagéré, mais c’est vrai que certains passages reprennent les codes du film à suspens).
J'ai donc aimé ce film où il se passe si peu, en surface : mari femme et enfant vont à la campagne dans une maison récemment achetée. Très vite, ça ne va pas pour la femme, qui ne s'y sent pas bien.
Ensuite, le film suit trois fils conducteurs qui sont − le mal-être dans la maison, − les rapports du couple, et, euh... − Le vide et le plein, la campagne et la ville, la multitude et la solitude.
Chaque fil suit son chemin (à supposer qu'un fil ait des pattes, des cils vibratiles ou des nageoires), aucun n'éclôt au même moment (à supposer que ~), et leur acmé est plutôt faible (un acmé juvénile?), mais c'est ce qui fait la réussite à mes yeux du film : on dérive lentement devant les petits épiphénomènes tout de nuances de cette femme qui passe un cap et qui est en crise. Rien de grave, ça va passer.
D'accord, le début est un peu lent, mais comment faire autrement, et puis de toute façon le film dure à peine une heure et demi, donc le début est court (je ne sais pas si je me fais bien comprendre). Mais les acteurs sont très justes (même la mioche est super convaincante, c'est vous dire), la lumière est belle et la dernière scène laisse un joli goût dans l'œil.
En prime pour Senscritchaïev, quatre (QUATRE !) scènes avec des animaux (porcs, chiots × 2 et cheval), dont l'une a arraché des cris «ohleukromeugnon» à mon voisin immédiat, mais je cafterai pas.