Aaaaah qu'il est bon de revenir à ses amours primaires. Le western spaghetti, c'est un peu comme la bière pour moi : je m'y suis mis un jour (un merveilleux jour), et aujourd'hui je ne peux plus m'en passer, j'ai besoin d'en voir régulièrement. Attention, pas trop souvent, sinon le plaisir serait gâché. Comme la bière, je vous dit.
Celui-là est de Damiano Damiani, dont les parents semblaient avoir un sacré sens de l'humour. Damianio (je vais écrire Damianio pour dire Damiano Damiani, un peu comme Tintin qui dit Dupondt pour dire Dupont et Dupond) signe donc son premier film du genre, qui ne sera suivi par la suite que d'un seul autre western co-réalisé avec le Grand Chef Leone (Amen). Et celui-ci est une sacré réussite, on y retrouve avec plaisir beaucoup d'ingrédients propre Spaghetti.
Déjà, le contexte : on est en pleine révolution mexicaine, et au niveau du scénario on pourrait comparer ça aux films du Super-Héros Corbucci. Une belle aventure, sanglante, et sur fond de musique à base de trompettes (signée Bacalov, supervisée Morricone, ouah). Mais surtout, une aventure parsemée de personnalités bien "Spaghetti" : des types crasseux, violents et sans morale évoluant dans un monde crasseux, violent, sans morale et surtout plein d'injustice. Le genre de types qui feraient passer Liberty Valance pour un vendeur à la sauvette sur les quais de la Seine.
C'est sûrement ça que j'aime dans les Spaghetti (les films, pas les pâtes). C'est une vision de l'Ouest qui doit correspondre à celle que j'ai en tête : un Ouest sauvage, sans pitié, dans lequel seuls les plus malins, les plus habiles et les plus chanceux ont une chance de survivre (c'est bien pour ça que j'ai précisé que je ne parlais pas de pâtes : qui voudrait retrouver des types malins dans son assiette?).
L'histoire d'amitié est aussi des plus tordues. D'un côté il y a Chuncho, un bandit ouvert, heureux, optimiste mais assez cruel dont on cerne assez vite la personnalité (au passage, il est superbement interprété par l'immense Manitou Gian Maria Volontè). De l'autre il y a l'Américain, dit "Niño", qui semble cacher quelque chose et dont on a du mal à savoir s'il est bon où mauvais. Et comme dans beaucoup d'autres westerns italiens, l'évolution de cette relation sera le point central du film : les personnages, comme d'habitude, passent avant le scénario et, comme d'habitude, la réalisation insiste beaucoup sur les personnalités.
Bref, un réel bonheur. Merci Damianio.
Ha oui, il y a aussi Klaus Kinski. S'il y a Klaus Kinski dans un western, c'est qu'il faut aller le voir et plus vite que ça.