Bon alors effectivement le scénario a un petit air de Scarface, ça je veux bien le reconnaître. Par contre il faudrait arrêter d'invoquer l'influence des frères Coen pour tout et n'importe quoi parce qu'il y a des fois où ça en devient limite insultant pour les deux frangins de Minneapolis.
Quoi qu'il en soit ce n'est clairement pas la meilleure trouvaille d'Outbuster. Au-delà de son manque criant d'originalité et de son histoire déjà vue mille fois, El Infierno présente bien trop de défauts pour s'imposer ne serait-ce qu'au panthéon des films mexicains - et ce sans aucune condescendance de ma part envers le cinéma mexicain, qui n'a plus rien à prouver.
Alors que les premières minutes semblent installer une ambiance de western social noyé dans le vent et la poussière, le film va finalement s'engluer dans la reconstitution d'un Mexique profond de pacotille et dans les gros clichés. ll existe peut-être encore des villages qui ressemblent à ça dans le pays, mais le film n'arrive jamais à rendre cet univers plus crédible qu'une pub Pepito. Durant 2h30, on n'a donc pas le loisir de croiser autre chose que des gros mafieux à moustache, des gros flics corrompus à moustache et des prostituées en chaleur. Vous m'excuserez si je préfère le Mexique vu par Iñarritu ou Buñuel...
On ne peut pourtant pas reprocher grand chose à Luis Estrada sur le fond. El Infierno résume plutôt bien ce qui gangrène actuellement la société mexicaine en dessinant un cercle vicieux duquel le pays semble être incapable de s'extirper.
Non, c'est sur tout le reste, sur la forme, que le film fait fausse route. D'abord avec un ton indécis, puisqu'Estrada peine tout du long à trouver le juste milieu entre la gravité du contexte et sa volonté d'alléger le propos avec un zeste d'humour noir. Pour tout dire, le mauvais dosage crée souvent un malaise, une gêne face à la désinvolture que semble manifester le film devant l'accumulation de cadavres. Je mettrais volontiers ça sur une quelconque volonté du réalisateur de dénoncer l'escalade de violence que subit son pays aujourd'hui, mais malheureusement cela vient surtout d'une mise en scène aux pâquerettes, purement illustrative, qui se refuse d'un bout à l'autre à créer l'empathie.
Ajoutez à cela des acteurs pas franchement irréprochables (certains comme Damián Alcázar s'en sortent a minima, d'autres sont en roue libre), quelques incohérences et un léger foutage de gueule près de la fin, ainsi qu'une ambiance musicale rapidement irritante à base de mariachis, et vous comprendrez qu'El Infierno s'égare quand même très loin de Scarface et des frères Coen...
Cela dit, étrangement, je n'ai pas vu passer les 2h30. Peut-être le signe qu'au fond il y a quelque chose qui fonctionne dans toute cette histoire. Mais quoi...