Scarface revu par les frères Coen
El Infierno raconte le retour au pays de Benjamin 'Benny' Garcia, parti chercher fortune aux Etats-Unis et revenu 20 ans plus tard avec... pas grand chose, quelques billets, dont un braqueur et un flic véreux le dépouilleront consciencieusement dès les premières minutes du film. Par les yeux d'abord étonnés de son héros ("ca ne peut pas être pire que quand je suis parti", dit-il sans conviction à son oncle... ), le réalisateur réalise une peinture au vitriol de l'état de son pays, de la société ou il n'y a que deux solutions à la pauvreté crasse: travailler pour les trafiquants de drogue (argent facile et mort rapide), ou l'exil vers les Etats-Unis. Ravagé par une guerre civile qui ne porte pas ce nom, alimenté par l'argent de la drogue et les armes omniprésentes, gangrené par une corruption de tous les niveaux, la société présentée par le film est sans espoir.
Mais l'immense talent du réalisateur est de ne pas présenter tout cela sous une forme nihiliste et dépressive. En effet, El Infierno est drôle. Vraiment drôle. Que ce soit dans les discussions désabusées, les scènes de violences, les enterrements (nombreux), le réalisateur trouve le ton juste et fait rire avec ses personnages décalés, ses dialogues bien tournés, ses excellents acteurs. On citera par exemple, la tombe kitch édifiée pour le frère du héros dès que ce dernier a de l'argent, avec peintures roses et bondieuseries, et un petit bouton a l'avant qui permet d'enclencher une musique mariachi aux paroles toute à la gloire du défunt.
Le gouvernement mexicain n'a semble-t-il pas apprécié la plaisanterie, quand le film, qui est sorti à l'occasion du bicentenaire de la révolution mexicaine, se moque ouvertement de l'hypocrisie des dirigeants d'un pays qui n'est plus que pauvreté, violence et corruption...
Il faut espérer que 'El Infierno', bien meilleur que la grande majorité des films qui squattent les salles françaises, parvienne un jour à être distribué en France.
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