C’est mon deuxième visionnage de Election, un film qui m’avait pris du temps et qui ne m’étais pas rentré directement en tête lors de la première fois. Hélas, les choses changent et purée quelle film. On touche au chef d’œuvre et c’est sans hésitation un des meilleurs films de Mafia, au bas mot dans le top 10. Johnnie To est réellement un grand réalisateur, ce film me le confirme. C’est un récit qui nous illustre des personnages, tous plus méprisable l’es uns que les autres et chacun n’a pourtant pas matière à l’être.
Je ne vais pas passer par Quatre Chemins, mon ressenti est basé sur le naturalisme, que je trouve assez bluffant en fait. Tout d’abord on nous lance dans un film, où l’on ressent la société dépeinte, énorme/très étendu. Cela est démontré peut être au travers de 5 réplique maximum, rien est déclaré, tout est presque crypté, les gens que l’on nous montre savent, maintenant à nous de le comprendre. Tout se sait au travers des oncles, des frères, des filleuls… Les dialogues sont un des moteurs du films, eux qui sont d’une justesse et d’une efficacité, sans explicitation, il nous montre le quotidien d’une mafia. Là où pour moi, ils sont vraiment d’une grande utilité, c’est pour faire ce que tout film Hong Kongais rêverait de faire, en abordant la question de la cité-état avec la Chine. L’oeuvre n’utilise jamais le mot «rétrocession» ou quelconque therme rappelant l’enjeu politique, et pourtant c’est un film qui en parle mieux, que la majorité des films qui souhaitent incorporer ce sujet. C’est un thème que l’on comprend au détour de phrase à table où l’on voit les oncles ou même lors de la parenthèse nocturne pour retrouver le sceptre. À chaque fois dans la nuance.
Le film s’illustre ensuite par sa trivialité et la banalité des personnages, Big D le grand sulfureux et surtout Lek ressemblent à tout le monde, et Johnnie To le démontre sans détour durant la première demi-heure, de manier à démystifier le propos du mafieux. Et ça marche, cela va impacter toutes les scènes de violence, qui elles même sont montrées avec une grande trivialité et un naturel, quasi insignifiant, mais pourtant douloureuses. Je regrette même les quelques séquences avec Jet où l’on met en scène des moments d’actions, un peu plus élaborées et plus réfléchis. Je trouve ça intéressant car lorsque, je regarde Outrage, 2010 de Kitano, l’usage de la violence devient lassant, car il agit trop fréquemment et de manière bien trop zélée. Je trouve ça rafraîchissant, qu’un metteur en scène ose mettre ça en scène. Beaucoup sont tomber dans un aspect clichteu des mafieux. Ici, To rappelle leur condition, les humanise pour mieux déshumaniser son protagoniste, qui dans une scène finale, va faire ressortir toute sa primitivité, se laissant dépeindre dans un affrontement pitoyable. Je trouve ça génial. Là où tout le monde aurait construit une scène avec un grand zèle sur une confrontation, on nous montre qu’on peut l’aborder comme tel. Et le film se tisse comme tel sur la durée. On peut nommer Teng qui doit appeler sa bonne pour son chien, Lek qui mange avec son fils, dans des habits qui pourrait le faire apparaître comme n’importe quel père de famille lambda, Grosse tête à peine capable de courir… enfin bref tout est comme ça et tout marche, pour bien démontrer une mafia telle qu’elle est.
Enfin le clou du spectacle est pour moi l’un des fondamentaux de chez Johnnie To: ses acteurs. Simon Yam, Nick Cheung, Sam Luet, Louis Koo, même Tony Leung Ka-fai, acteur étant plutôt contre mes standards et mes attentes d’un acteur, je l’ai pourtant trouvé de par son sur-jeu d’une jouissance crasse. Pour moi il ne manquait plus que Richie Jen, Anthony Wong et Francis Ng et on était aux anges niveau acteur. Enfin bref, tous réunis dans la scène de l’adoubement de Lok, une séquence d’une réussite folle pleine d’amitié et de faux semblant arrivant à l’apogée du film.
En conclusion, vous l’aurez compris, ce film est une perle, sur la mafia, sur les triades et du cinéma Hong Kongais en général. J’estime beaucoup Johnnie To et ce film en est pour quelque chose.