Il y a des films qu'on va voir sans attentes particulières et dont on ressort boulversé(e).
Electrick Children en fait partie.
Evidemment j'écris cette critique à chaud, à peine sortie du cinéma avec toujours la gorge un peu nouée, seulement c'est ça qui selon moi signe un beau film. Cette boule au ventre et l'envie de dire à tout le monde de courir le voir.
Il ya d'abord les couleurs pastels des tenues mormones dans une ferme qui pourrait être n'importe où et hors du temps. Et il y a Rachel 15 ans. Naïve, lumineuse, un ange blond solaire qui tombe enceinte en écoutant une cassette interdite. Son frère, Mr Will, est accusé d'en être responsable et exclu de la famille, elle doit se marier au plus vite.
On pourrait croire que va se jouer un drame un peu sordide sur fond de religion extrème sauf que le film prend une autre direction, celle de Las Vegas où Rachel compte trouver le père du futur bébé, le chanteur de la cassette.
Car, et c'est là que se joue toute la subtilité du film, Rachel croit fermement en une immaculée conception.
Il y a ensuite Las Vegas, les néons qui tranchent avec les tenues aux couleurs pales de Rachel et Mr Will, embarqué malgré lui. Rachel traverse la ville avec une foi inébranlable, suivant des rockeurs aux cheveux longs sans l'ombre d'un doute. Il y a dans son innocence une force incroyable, transformant tous ceux qu'elle approche. Les seconds rôles ne sont pas négligés et tant Mr Will que Clyde, leur guide dans le monde réel, sont exploités avec brio.
Le fil rouge de l'histoire reste l'enregistreur par où arrive le mal et par lequel Rachel raconte son histoire, excellente idée de la voix off.
Au final on en sait pas vraiment de quoi parle le film, de la foi en Dieu, de l'émancipation, de la liberté, du passage à l'âge adulte mais il le fait bien. Le choc des cultures même s'il provoque des situations cocasse n'est jamais exploité pour tourner qui que ce soit en ridicule. La réalisatrice elle-même élevée dans le milieu mormon pose un regard parfois un peu piquant mais tendre sur ses personnages perdus dans un monde qu'ils ne comprennent pas forcément.
Je ne sais pas quoi dire d'autre, j'ai envie de tout dire au rique de raconter le film et d'en gâcher le plaisir. Mais si vous ne pouvez aller voir qu'un seul film, allez voir Electrick Children.