Du Moog aux caméras il n'y a qu'un pas.
Electroma se déroule dans un monde ou chacun est un robot, le visage casqué, inexpressif, muet. Le film raconte la volonté de deux robots de devenir des humains en subissant une opération. C'est sur base de ce scénario simple que Daft Punk soulève beaucoup de questions : quelle est la place de l'étranger dans la société ? Que peut ressentir une personne atteinte de trisomie au quotidien ? L'humain a-t-il créé la machine pour l'aider ou pour le remplacer ? Est-elle son extension ou son devenir ? Le suicide est-il une conclusion inévitable au mal-être et à la solitude ?
Le film, muet, est desservi par une bande-son choisie avec soin qui se substitue aux dialogues pour donner de l'intensité aux images (La scène dans les toilettes avec "Universe" de Sebastien Tellier est incroyable. ) Chaque plan-séquence parle de lui-même tout en laissant au spectateur de la place pour son interprétation personnelle, ouvrant à la fois la réflexion et la contemplation. Les différentes scènes font tantôt penser à THX 1138 de Georges Lucas, tantôt à 2001 : l'Odysée de l'Espace de Stanley Kubrick en passant bien évidemment par l'oeuvre d'Isaac Asimov, référence littéraire absolue en matière de réflexion sur les robots et l'intelligence artificielle. Bien que certains effets spéciaux aient vieilli, les décors restent magnifiques – le film a été tourné en Californie — et la mise en scène, audacieuse et dans la veine de Quentin Dupieux, est puissante et efficace.
Electroma est un film d'une beauté intense, dont la force et l'exploit majeurs sont la capacité de rendre expressif l'inexpressif : aucun personnage humain, aucun dialogue, et pourtant énormément de sentiments qui se dégagent des protagonistes, donnant par la même occasion une belle leçon de vie et matière à réfléchir.