Tout d'abord, "Élégie de la traversée" est un titre magnifique, qui à lui seul, a suffi à me convaincre de me lancer dans le visionnage de cette œuvre, seulement quelques jours après avoir découvert son existence dans le top 10 films d'un de mes chers éclaireurs.
Un titre qui promet beaucoup mais ne déçoit pas, loin de là.
Guidé par une force qui le dépasse, un homme seul entreprend un voyage mystérieux dont nous ne connaissons absolument pas le but. Traversant de vastes étendues enneigées, des villages abandonnés, des chemins isolés, il effectue une chronique détaillée des paysages qui s'offrent à lui, de ses états d'âmes, et de ses réflexions personnelles les plus intimes. À aucun moment, nous ne verrons son visage, seulement une silhouette, une ombre, une âme ...
Ses questionnements incessants s'articulent autour des difficultés de l'après-communisme, mais surtout du renouveau de l'Europe à l'orée d'un nouveau millénaire. À travers les rencontres jalonnant son parcours, il cherche dans chaque personne les moindres expressions de joie, de consolation ou même de satisfaction.
Traversant des eaux déchaînés et des frontières inquiétantes, il parvient en territoires urbanisés. Emporté inconsciemment par le flot de la circulation, il va enfin découvrir, ainsi que le spectateur, l'aboutissement de ce périple. Cet inconnu échoue aux portes d'un palais abandonné, éclairé par la lueur de la lune. Il s'agit d'un musée dans lequel il s'adonnera à la contemplation de grands tableaux, seul moyen pour lui de trouver les réponses à ses obsessions aveugles. Finalement, il découvrira que seul l'art porte un témoignage poignant et indélébile sur ce qui a été irrémédiablement enfoui.
Porté par des plans exténuant de beauté et par une merveilleuse plainte mélancolique, ce poème onirique nocturne m'a ébloui à chaque instant. Embarquez-vous dans cette courte expérience de seulement 45 minutes, vous ne devriez pas regretter votre somptueuse traversée, assurément !