Un flot incessants de pensées me traverse l’esprit, embuée, de part ces lieux captés de l’extérieur, des variations sur les nuages, éclairant chaque monceau de cette traversée élégiaque.
Alexandre Sokourov est suivi dans une esthétique entièrement fondée sur un sentiment de tristesse, mélange de mélancolie persistante, guidant ses choix, face à son impuissance au cours des choses.
Visuel d’une image souvent décolorée, floue ou voilée dans des climats brouillées : nuage, neige, pluie, brumes, brouillards, eaux du fleuve ou de la mer, parfois saisis dans des surimpressions, des jeux de déformation optique et de ses choix sonores.
Au milieu de ce voyage, une voix se fait entendre, une voix d’homme qui revient de loin, d’un voyageur, une voix qui berce d’harmonie, une voix qui fait pleurer, qui doute et désespère, mais emplie de nobles sentiments.
Un unique flux de pensée et de sentiment ne peuvent décrire cette lente et longue méditation individuelle et historique.
Rendant hommage à la peinture, art qu’il juge noble, le dernier plan du film montre Alexandre Sokourov, de dos, contemplant et circulant aux milieux des tableaux, éclairés par une unique lueur fantomatique.
C’est par cette visite clandestine nocturne et fantastique que s’achève son périple, caressant avec les yeux la toile de Peter Saenredam « Place Sainte Marie » se concluant sur une incorporation
de la peinture par le film.
Un homme d’art, livrant du grand art.
Tout simplement beau et rêveur.
Elégie de la traversée, élégie de l’histoire, élégie de la vie.