Elena lutte avec les classes !
Elena nous raconte la Russie mais peut-être pas seulement.
Cette russie où les choses ne changent guère, où les nantis sont dans leur bulle, où les moins bien lotis végètent et où la corruption est ancrée dans la société comme une fève dans une galette des rois !!
Les anciens y sont habitués depuis des décennies, tout dans leur comportement sent la résignation et la survie sans plus avoir vraiment de goût à la vie et à l'envie ; que ce soit le riche retraité au quotidien mécanique enfermé dans sa bulle, ou la famille d'Elena trainant dans leur tour comme dans un goulag.
Alors, il y a les enfants...
Et les enfants, eux, ont comme seul héritage un désespoir violent qui pourrait bien mener tout le pays à une prochaine révolution (cette image de fin où la famille d'Elena s'installe dans la grande villa et y prend goût), à moins que cette nouvelle génération se résigne à son tour dans une passivité fataliste...
Car les jeunes russes d'aujourd'hui, à l'image de la jeunesse européenne peut-être, ce n'est pas la jeunesse de 69, les pavés à la main et le verbe facile à la revendication.
Cette jeunesse désabusée ne s'intéresse pas au système dans lequel ils vivent, ils ne sont pas des rebelles partisans et leur fonctionnement se limite à fuir leurs ainés, en se montrant tout aussi capables de s'opposer fermement aux choix de leur parents, que de se battre violemment entre eux sans raison apparente, ou de faire les larves des journées entières devant la télé...
Au milieu de tout cela, l'image d'une femme évidemment ! Elena, se sacrifie pour l'un, comme pour les autres, mais ne peut avoir un pied dans les deux camps et lorsqu'elle doit choisir, elle le fait de la manière la plus violente qui soit... survivre ou mourir...
Le réalisateur Zviaguintsev filme tout cela avec sobriété mais non sans style, les plans sont léchés, les symboles, les métaphores nombreux... du vrai beau cinéma russe quoi !!