Parcours par chœurs.
Du premier au dernier plan, Elephant s’impose comme une étrange mécanique, un objet hybride qui prend le parti de nous emmener hors des sentiers battus et de fouler au pied les attentes dont il peut...
le 1 mai 2015
105 j'aime
3
Directement tiré de la fusillade de Columbine en 1999, Elephant remporta la palme d'or du Festival de Cannes en 2003, ainsi que celle de la mise en scène...
Et effectivement, la réalisation de Gus Van Sant s'avère d'un grand esthétisme - chose que lui reprochèrent certains de ses détracteurs, pour qui la beauté et la mort seraient incompatibles... Et l'art dans tout ça ? J'ai personnellement apprécié les jolis plans larges conférant une immensité à certaines pièces du lycée, et contrastant avec la petite taille des élèves - en opposition avec les travellings suivant ces derniers dans les couloirs.
Quant à la musique, très peu présente, elle est subtilement distillée.
Le film, très lent, contemplatif, m'a captivé pendant un gros premier quart d'heure, mais il y a un moment où ces vies successives de lycéens manquant d'intérêt ont fini par m'ennuyer - notamment les séquences sur le photographe et son art. Elles font remplissage dans l'ensemble, aussi différents soient les profils de ces derniers (les trois poufs aux toilettes sont l'unique et hilarante vanne du film). Par contre, le jeu des croisements d'élèves fonctionne parfaitement bien grâce à l'admirable mise en scène du réalisateur.
A le revoir, et ne me souvenant que de la fin du film, j'ai quand même été tenu en haleine tellement la menace rôde... J'ai eu le sentiment que ça pouvait partir à n'importe quel moment une fois la première apparition des tireurs (premier plan superbe avec ce chien au ralenti). Une tension omniprésente qui sauve le milieu du film.
Et concernant ces derniers - les tireurs -, Gus Van Sant ne les juge pas, il ne fait que les montrer, restant évasif jusqu'à la fin du drame quant aux origines du mal... Violence virtuelle, humiliations, mal-être, homosexualité non assumée, pathologies plus profondes ? On n'en sait rien au final... Mais une chose est sûre : il montre bien la facilité avec laquelle ces deux mineurs se sont procurés les armes à feu.
Le dernier quart d'heure, d'anthologie, révèle la froideur des deux tueurs, les réactions sidérantes de certains lycéens (Benny), et avec son final expéditif, il y a de quoi rester scotché. Dommage donc qu'il y ait quelques longueurs et que Gus Van Sant n'ait pas trouvé plus intéressant à raconter sur les dernières minutes de vie de certains des lycéens de Columbine...
Un film aussi terrifiant que fascinant.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleures Palmes d'or et Les meilleurs films de Gus Van Sant
Créée
le 3 oct. 2015
Critique lue 271 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Elephant
Du premier au dernier plan, Elephant s’impose comme une étrange mécanique, un objet hybride qui prend le parti de nous emmener hors des sentiers battus et de fouler au pied les attentes dont il peut...
le 1 mai 2015
105 j'aime
3
Je ne suis pas un esthète, j'aime les films qui racontent une histoire. Elephant est un peu une exception à cette règle. Car du film, c'est vraiment l'esthetique qui en est l'aspect le plus marquant:...
Par
le 16 févr. 2011
90 j'aime
15
Elephant est en quelque sorte l’évolution de Freaks (1932) projetée dans le monde moderne. Je parle d’évolution sans avoir la prétention d’affirmer une hausse qualitative mais plutôt avec la...
Par
le 15 sept. 2013
63 j'aime
8
Du même critique
Plutôt que de nous obliger à nous taper une énième rediffusion du Gendarme-et-de-je-sais-pas-qui sur M6 pour rendre hommage à Michel Galabru, Arte a eu le bon goût de rediffuser le grand drame qui le...
le 7 janv. 2016
54 j'aime
12
Bertrand Blier aurait, paraît-il, assez rapidement écrit le scénario de Buffet Froid en partant de l'un de ses rêves récurrents qu'il prête ici à son personnage principal qu'incarne Gérard...
le 14 juil. 2016
43 j'aime
14
J'avais complètement zappé la polémique quant à son interdiction aux moins de 18 ans à sa sortie, alors quand je me suis installé devant une diffusion de Martyrs sur Canal, je ne vous explique pas la...
le 13 mars 2016
41 j'aime
7