Bon je dois l'avouer, ce n'est pas un film que je regarde le coeur joyeux et l'esprit détendu, c'est un drame intense, douloureux, bouleversant, inspiré d'une histoire véridique d'une tristesse absolue, celle de John Merrick atteint d'une horrible maladie affectant la peau et les os, mais qui sous son apparence monstrueuse se révèle être un homme sensible et un esprit supérieur. C'est une histoire qui réserve des moments pathétiques et qui vous fout le moral à zéro. C'est probablement un chef d'oeuvre aux yeux de beaucoup, mais le sujet qui me rebute un peu m'empêche d'attribuer une note supérieure à 7, j'en suis parfaitement conscient et je le regrette, mais c'est ainsi.
Cependant, je reconnais ses immenses qualités, car en traitant de l'acceptation des différences, de la reconnaissance de l'être humain et de l'envie d'être aimé quelles que soient les apparences, David Lynch (qui est produit par Mel Brooks, et qui frappait un grand coup) a réussi un film d'une rare sensibilité, sans voyeurisme ni caricature, ni mélo. Lynch, dont c'était le second film, sait aussi ménager ses effets, en ne dévoilant le visage de Merrick que lorsque son histoire est bien engagée, il opère une approche progressive de cette monstruosité, ce qui en facilite l'acceptation.
Il est soutenu par une photo en noir et blanc de toute beauté de Freddie Francis qui donne à l'ambiance victorienne un aspect proche du fantastique, et a permis de révéler John Hurt, capable d'exprimer une émotion sous le maquillage incroyable crée par Christopher Tucker qui le rend pourtant méconnaissable. Le reste du casting est de grande qualité avec John Gielgud, Anne Bancroft, Freddie Jones (dans le rôle ingrat du forain), Wendy Hiller et surtout Anthony Hopkins dans le rôle du savant qui a découvert Merrick exploité dans une immonde baraque foraine. Indéniablement, ça reste un grand film, il a d'ailleurs obtenu le Grand Prix du Festival d'Avoriaz en 1981.