Elephant Man (1980) est le second film de David Lynch sorti 3 ans après Eraserhead. C’est sans conteste son film le plus abordable et le moins « Lynchien » de sa filmographie, mais il n’en reste pas moins l’un des films les plus marquants de son auteur.
Dans la carrière de Lynch, Elephant Man est un tournant. C’est Stuart Cornfeld qui proposera à Lynch le projet après avoir vu Eraserhead. Et c’est en visionnant Elephant Man que Dino De Laurentiis aura l’idée d’employer Lynch pour Dune.
L’histoire du film, inspirée de fait réel, raconte la vie de John Merrick, atteint du syndrome de Protée, qui va devoir faire face à la toute la cruauté humaine en devenant une attraction. Il sera acheté par un médecin qui le prendra au départ pour un idiot.
Ce biopic, tourné en noir et blanc, est une immense réussite narrative. Il arrive à transmettre sans arrêt une multitude d’émotions souvent très fortes. Alors que j’ai vu le film il y a plusieurs années, bon nombre de scènes restent gravées dans mon esprit.
Le film prend les spectateurs aux tripes ne lui laissant que peu de répit une fois le processus de violence déclenché.
« I am not an elephant! I am not an animal! I am a human being! I am a man ! » C’est dans les toilettes publiques que John Merrick hurlera cette phrase. Ces mots résonnent encore dans ma tête.
C’est un film de monstres à n’en point douter mais John n’en fait pas partie, c’est même l’un des seuls à être vraiment humain.
Et c’est là aussi une autre grande force du film car malgré tout le côté « rejet de la société » omniprésente, le film est aussi marqueur d’espoir. Il présente un personnage qui s’accepte et prend conscience de son humanité, en dépit de tout ce que les autres voient en lui. Le personnage s’humanise au cours du film. Cela donne un minimum d’espoir pour notre société.
On sent déjà un attrait particulier pour la musique, son utilisation est parcimonieuse tandis que la maîtrise visuelle fait parfois des miracles. Cette reconstitution victorienne est de toute beauté.
On est très loin des films qui cherchent délibérément à vous tirer les larmes. Ici aucun artifice, juste une sublime réalisation sur une très belle histoire.
À noter aussi la grande performance d'Anthony Hopkins, tout en retenue mais très marquante.
Comme dit en introduction, Elephant Man est le film le plus abordable de son auteur, et il vaut sans doute mieux commencer sa filmographie par celui-ci pour une initiation en douceur au style lynchien, avant d’enchainer les autres puis de finir par Eraserhead.
C’est le film le plus touchant que j'aie jamais vu, mes larmes coulaient sans arrêt, première fois que cela m’arrive (en tout cas de manière aussi forte). Rien qu’à y repenser j’ai envie de pleurer…