La confirmation du talent de Lynch dans un cadre plus conventionnel

A sa sortie, "Elephant Man" m'avait un petit peu déçu, après le chaos surréaliste saisissant de "Eraserhead" : parfois à la limite du mélodrame larmoyant, le film bénéficiait toutefois d'une imagerie extraordinaire (quelle reconstitution de l'Angleterre victorienne !), et irradiait ça et là une force quasi métaphysique, qui confirmait bien le talent de David Lynch, dans un cadre plus conventionnel. La très belle version publiée en DVD restitue sa splendeur à ce film de commande, terriblement somptueux et ambigu, qui frôle le chef d’œuvre (frôle seulement, du fait de quelques scènes un peu trop sentimentales). Les extraordinaires images mentales et le traitement impressionnant - à la fois musical et abstrait - de la bande-son témoignent le plus clairement de la signature de Lynch, mais, avec un peu d'attention, il n'est guère difficile de voir que, derrière les belles images en Noir et Blanc, derrière le discours pour la tolérance, tous les cauchemars de "Eraserhead" sont encore tapis et grondent. En jouant avec notre désir et notre crainte à la fois de voir le visage et le corps horribles de John Merrick, Lynch gangrène son film le plus "populaire" d'une paranoïa grinçante : si "l'essentiel est invisible pour les yeux", cela n'a clairement rien de rassurant. A noter aussi une grande interprétation de John Hurt, même si sa voix en a irrité plus d'un... [Critique écrite en 1981 et en 2002]

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le 9 janv. 2017

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Eric BBYoda

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