Enfin une bonne surprise dans un film estampillé 100% Netflix, ça fait du bien, surtout pour un film aussi gracieux et riche qu’Elisa et Marcela.
Isabel Coixet livre un film militant qui ne cherche pas le sensationnalisme, mais délivre un puissant et authentique message sur la liberté d’aimer et de vivre malgré le carcan sociétal. Basé sur un fait divers au tournant du siècle dernier, le film choisit délibérément de ne pas s’attarder sur l’identité sexuelle – ces deux femmes s’aiment naturellement sans se poser de questions – pour davantage développer les contraintes que la société va faire peser sur leur amour et leur relation.
La réalisatrice utilise un traitement noir et blanc profond qui souligne à la fois l’aspect film d’époque, mais également la rudesse manichéenne de la morale et de la société. Sa narration fluide et son cadrage intimiste, souvent joueur, permet de casser le risque du formalisme. La grande complicité des deux actrices principales est également un atout majeur du film, d’autant que leur personnage et leur jeu évoluent grandement au long de l’histoire, faisant d’Elisa et Marcela un portrait de femmes riches et multiples, loin des clichés. Tour à tour fataliste ou idéaliste, timorée ou téméraire, sensuelle ou spirituelle…
Le film n’est pas parfait, on notera notamment des personnages secondaires moins crédibles ou moins intéressants, et peut-être certains fantasmes qui par souci de naturalité (oui nous avons tous des fantasmes) peuvent sembler incongrus. Mais globalement, je recommande Elisa et Marcela, un très beau film sur l’homosexualité et le combat pour son acceptation — un film qui raconte une histoire vieille d’un siècle et pourtant toujours d’actualité.