Désir meurtrier
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Qui mieux qu'Isabelle Huppert pouvait jouer un tel rôle ? Elle est douée pour les rôles dits subversifs et là, après (re)visionnage, je dois dire qu'elle est bluffante.
Sa "froideur" apparente, on va découvrir pourquoi, au fur et à mesure de l'avancement du film.
J'avais décidé de ne jamais le revoir et comme il ne faut dire jamais, voilà qui est fait.
La phrase de trop, émanant de Rebecca (Virginie Efira), l'épouse de Patrick (Laurent Lafitte) m'avait fait penser à un film sur plus ou moins l'apologie du viol. Spoiler : "Je suis contente que vous ayez pu lui apporter un certain temps ce dont il avait besoin, Il était un homme bon, mais à l'âme torturée." Cette réplique du film, qui plus est, provenant de la bouche d'une femme, ne m'avait pas du tout plu.
Sans trop spoiler, on découvre, que Michèle, enfant, a subi un traumatisme violent, qui l'a rendue quasi sans affect. Et il y a de quoi.
Le film est un oppressant thriller, avec dès le début, une scène de viol, ça n'est plus un secret pour personne, maintes fois rejouée ou (re)vécue par la "victime".
Isabelle Huppert est vraiment fascinante. Laurent Lafitte aussi.
Michèle est donc devenue une femme riche, volontaire et indépendante, haïssant à la fois son père et sa mère, voire tous les hommes, lesquels ne sont que des 'jouets' pour elle, tout comme les 'monstres' des jeux vidéo, qu'elle dirige en femme d'affaires, menant à la baguette quelques hommes.
Elle ne semble pas non plus avoir réussi sa vie de couple, ni celle de sa 'famille'.
Elle ne réagira pas réellement au viol qu'elle aura subi, excepté en informer son entourage le plus proche et son ex mari., au cours d'un repas au restaurant, les laissant tous sans voix, continuant à manger, comme si de rien n'était. En tous les cas, elle ne portera pas plainte (on saura pourquoi).
Durant tout le long du film, elle tente tout de même de se barricader, de se protéger plus ou moins, et de se venger, tout en continuant à mener sa vie, tant bien que mal.
Elle tombe sous le charme de son voisin, prêt à l'aider, n'importe quand, attirée par lui, prenant du plaisir, rien qu'en l'observant avec des jumelles..
Le film reste violent, ambigu et scotchant.
Michèle paraît perverse, plus ou moins dépravée, jusqu'à révéler à sa meilleure amie, sa relation avec le mari de celle-ci.
Elle répète inconsciemment ou pas et inlassablement son vécu traumatique.
La mort rôde autour d'elle.
Verhoeven a quand même l'habitude de réaliser des films, où la sexualité relativement 'malsaine' est très présente, ainsi que la violence et même la dualité sexuelle et de personnalité.
Cette femme semble aimantée par son violeur, et recherche avec son voisin, une relation ambigüe, auquel elle finit par dire qu'elle refuse dorénavant de 'jouer'.
Bien entendu, lui, ce qui l'intéresse est avant tout, le plaisir qu'il ressent à la violer et la brutaliser.
Quelle femme normalement constituée peut-elle prendre de tels coups et atteindre la 'petite mort' ? A propos des coups, invraissemblance dans le film car elle s'en tire avec un visage sans traces apparentes, hormis au début puis lors de son accident.
Film à la fois dérangeant et fascinant.
L'on en fait tout un plat, pourtant le fameux film "L'Etrangleur de Boston" de Richard Fleischer, sorti en 1968, avec Tony Curtis et Henry Fonda, est, lui aussi très éprouvant, s'agissant de pénétrer le cerveau d'un véritable tueur en série et schizophrène, avec un interrogatoire menant à la reproduction des gestes.
Pour avoir vu quelques films de Verhoeven, celui-ci est bien ficelé, très dérangeant mais moins 'pacotille' que le film "Benedetta".
J'hésite cependant à augmenter la note, tout simplement parce que je doute de la façon d'aborder le viol par Verhoeven. Donc, je le laisse à 7, pour la prestation et l'atmosphère du film.
Créée
le 28 juil. 2024
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