Désir meurtrier
Le contrôle et la manipulation sont des thèmes récurrents dans les films de Paul Verhoeven notamment quand ce dernier s’entoure de personnages féminins comme l’étaient Nomi (Showgirls) ou Catherine...
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le 26 mai 2016
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Acclamé un peu partout par le cercle fermé des critiques et aficionados du réalisateur hollandais, Elle aura pourtant de quoi troubler, voire froisser le plus grand nombre. Entre flirt délicat avec l’apologie du viol, vision misanthrope d’une société uniquement régie par le sexe, parodie du cinéma d’auteur français et absurdité de certains dialogues et scènes… On pourra dire beaucoup de choses et leur contraire à propos du dernier film du cynique réalisateur. Et on dira surement beaucoup de bêtises. Car bien dure la tâche d’analyser ce film qui joue sur tant de trames, tant de tons et laissent partout ouvertes des pistes inachevées de compréhensions… Que dire du personnage de Michèle, interprété par la toujours brillante (et ici d’autant plus qu’elle se joue en permanence de tout et de tous, avec une froideur digne de ces rôles chez Chabrol) Isabelle Huppert, ici à son apogée de comédienne (décidément, 2015 et 2016 auront été ses années !), qui, à de multiples reprises, se fait violer, crime odieux qui semble perler sur elle comme l’eau sur les plumes d’un canard ? Que dire du ridicule personnage qu’interprète Virginie Efira, bigote précieuse et bourgeoise, aveuglée par une religion que Verhoeven parodie et humilie jusqu’à l’insulte ? C’est dans cet étonnant jonglage entre drame, enquête policière, film d’auteur classique et comédie graveleuse et grotesque que Verhoeven semble manquer de finesse. Et pourtant on n’aurait du mal à soutenir longtemps cette thèse, car si l’aspect premier du film (difficilement lisible, brouillon dans son montage,…) est cette fragilité et cette maladresse grotesque (accumulation de scènes de sexe toute aussi ridicules que malsaines, jeux avec les codes presque mainstream de la comédie américaine de bas niveau – lorsque la petite copine du fils de Michèle accouche d’un enfant noir et que le prétendu père ne se soucie de rien -), on ne peut globalement se dire qu’Elle est un film simple. Et la conclusion mystérieuse, rebondissement malsain à une intrigue qui l’était déjà bien assez, n’aura pour but de faire revoir son jugement quant à ce film difficilement malléable et intéressant…
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Créée
le 27 août 2016
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