Le plaisir que j'ai pris à regarder Elle tient, dans sa première heure, à présenter tous ces personnages névrosés par petite touche, à la manière d'un impressionniste. Paul Verhoeven distille les renseignements sur chacun, les fait jouer au jeu du chat et de la souris avec Michèle (d'où sans doute la présence du félin comme témoin muet mais consentant, comme le spectateur du film), il lance des pistes avec des jeux de regards parfois fuyants parfois fixes et insistant. Sans doute à cause (grâce à) la barrière de la langue, il doit passer par un autre moyen que les dialogues pour constituer ses personnages. Au milieu du film, une scène de repas avec toute la famille et les amis de Michèle, lors du réveillon de Noël, va lancer la chute de son personnage. Autour d'une table ovale, Michèle trône en maîtresse de cérémonie mais chacun va, petit à petit, sabrer son pouvoir et annoncer des bouleversements. La deuxième heure de Elle ne s'en tient pas à révéler des secrets que le spectateur aura devinés, ce qui compte pour Paul Verhoeven est l’enchaînement de ces révélations, la manière de dévoiler ces secrets. Et pour croquer les secrets minables des gens vulgaires et hypocrites, le cinéaste reste toujours l'un des meilleurs.


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janodo
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le 29 mai 2016

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Jean Dorel

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